Ouganda
L’accès à internet a partiellement été rétabli en Ouganda, après cinq jours de suspension quasi-totale. Le mardi 12 janvier, le gouvernement ougandais avait bloqué l’accès aux réseaux sociaux, avant de restreindre les connections à la veille des élections présidentielles et législatives, invoquant des raisons de sécurité nationale. Pour la population, déconnectée pendant près d'une semaine, le retour de l'accès à internet est un soulagement.
La commission électorale a proclamé samedi, 48 heures après le scrutin, la victoire de Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, avec 58,6% des voix. Un résultat rejeté par le principal candidat de l'opposition, Bobi Wine, qui dénonce "une mascarade complète". Ce dernier a obtenu 34,8% des voix selon les résultats définitifs, qui n'ont pas pris en compte les voix de plus de 1 200 bureaux de vote, soit un peu plus de 3 %. Le décompte des résultats des élections législatives se poursuit, tandis que Bobi Wine est assigné de fait à résidence.
Les réseaux sociaux et services de messagerie ont été suspendus à partir du 12 janvier et l'accès à internet était très perturbé depuis le 13 janvier, le gouvernement ayant évoqué des raisons de sécurité nationale. "Internet a été rétabli. Les autres plateformes sont toujours à l'étude", a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement, Ofwono Opondo. "Nous conseillons aux internautes, notamment ceux de l'opposition, de ne pas l'utiliser pour promouvoir de la propagande haineuse, des menaces, de l'intimidation comme nous l'avons observé avant (la coupure)", a-t-il ajouté.
Les réseaux sociaux restent encore très perturbés dans ce pays qui compte 20 millions d'utilisateurs d'internet, soit près de la moitié de la population.
"Le retour d'internet nous réjouit. Mais concernant la question de la sécurité, il n'est pas forcément mauvais d’y couper l'accès pour maintenir le calme dans le pays", déclare Lydia Aoko, propriétaire d'un magasin. Pour Kembazi Brenda, résidente de Kampala, ce retour était vital. "Je me sens bien parce que nous étions déconnectés pendant presque une semaine. Je me sens mieux maintenant que nous sommes de nouveau connectés". Les affaires de Christopher Ndawura ont fortement été impactés par cette suspension d'une semaine."Ces quatre ou cinq derniers jours ont été très mauvais pour nos commandes en ligne. Nous avons également beaucoup perdu en termes de communications avec nos proches."
Selon l’ONG NetBlocks, le blocage des réseaux sociaux aurait été planifié très en amont. "Il s'agit d'un des black-out à l'échelle nationale les plus méthodiques que nous ayons observés", a déclaré l'organisation. Une pratique dénoncée par l’opposition, qui accuse le président Yoweri Museveni de fraude électorale.
Fraude électorale
Le siège de la Plateforme d'unité nationale (NUP), le parti de Bobi Wine, était lundi sous surveillance policière, qualifiée de "raid" par le candidat de l'opposition, qui est de son côté bloqué depuis jeudi à son domicile, encerclé par les forces armées. Son avocat, Benjamin Katana, a déclaré avoir tenté de rendre visite à son client lundi mais ne pas en avoir reçu la permission.
Le scrutin s'est déroulé dans un calme apparent jeudi, mais sous la forte et oppressante présence de policiers anti-émeutes et de militaires. Il s'est tenu à l'issue d'une campagne particulièrement violente, marquée par des morts, des agressions contre les médias et de nombreuses arrestations de membres de l'opposition.
Le porte-parole de la police, Fred Enanga, a annoncé que 55 personnes avaient été arrêtées au cours de la période électorale pour des actes violents. "Bien que les élections aient été pacifiques et aient été un succès, il y avait des éléments criminels qui voulaient provoquer des violences", a-t-il dit.
Selon les derniers résultats publiés, le NUP, créé il y a moins d'un an, a emporté 61 sièges parlementaires. Une performance sans précédent pour un parti d'opposition, qui consolide sa place de principal rival au Mouvement de résistance nationale (NRM) de M. Museveni, cumulant pour le moment 361 sièges.
Le journal Daily Monitor a révélé lundi que les milliers de voix de quelque 1 200 bureaux de vote n'ont pas été pris en compte dans le résultat final de la présidentielle. La Commission électorale a répondu que le président sortant ayant obtenu plus de 50% des "votes valides" au premier tour, le résultat du scrutin ne "serait pas inversé" par les voix de ces bureaux non comptabilisés.
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