Ouganda
Jour de vote sous fortes tensions en Ouganda. Ce jeudi, quelque 18 millions d’Ougandais sont appelés aux urnes pour se prononcer sur une énième réélection du président sortant Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 35 ans.
Les opérations ont commencé à 7h ce matin dans les 34 000 bureaux de vote du pays. Ce scrutin se déroule après une campagne électorale émaillée de violences et d’actes de répressions. Les électeurs sont appelés à départager Yoweri Museveni, un ancien guérillero mué en dirigeant autoritaire depuis son accession au pouvoir en 1986, et Bobi Wine, qui malgré son jeune âge s'est imposé au sein d'une opposition divisée comme le principal adversaire du président.
En début de semaine, les autorités ont suspendu l’accès aux réseaux sociaux alors que le débit d'internet est fortement ralenti, voire inaccessible dans certains endroits. Des mesures condamnées par la communauté internationale. "Qu'elle constitue un acte de censure délibéré ou une mesure de représailles puérile, cette décision va continuer à détériorer un peu plus les conditions d'un débat public ouvert, pluraliste et transparent", a réagi mercredi l'ONG Reporters sans frontières (RSF).
Ce mardi, plusieurs membres de l'opposition ont appelé la population à voter en masse et protéger l'intégrité du scrutin. Orpheline du vétéran Kizza Besigye, qui n'a pas souhaité concourir après quatre tentatives et autant de défaites, celle-ci présente dix candidats contre le Mouvement de résistance nationale (NRM), l'hégémonique parti au pouvoir.Sur le continent, seuls Teodoro Obiang Nguema en Guinée Equatoriale et Paul Biya au Cameroun ont passé plus de temps au pouvoir sans interruption.
Équité du scrutin
Dans la dernière ligne droite de la campagne, le visage de Yoweri Museveni, paré de son emblématique chapeau à large bord et d'un tee-shirt jaune a été abondamment placardé dans les rues, accompagné du nombre de jours le séparant de la "victoire". Si le président sortant parle à un Ouganda rural et plus âgé, son opposant Bobi Wine est populaire au sein de la jeunesse, notamment urbaine, une population significative dans un pays où l'âge médian est inférieur à 16 ans.
Des craintes ont émergé quant à l'équité et la transparence du scrutin au cours de cette campagne plus violente que les précédentes, où des journalistes, des critiques du régime et des observateurs ont été empêchés de travailler. L'ambassadrice américaine en Ouganda, Natalie Brown, a annoncé mercredi que les Etats-Unis annulaient une mission d'observation prévue pour ce vote, la majorité de leurs observateurs s'étant vu refuser une accréditation par le gouvernement.
Les violences ont émaillé la campagne : arrestations d'opposants, tirs de gaz lacrymogènes et parfois de balles réelles sur leurs partisans. En novembre, au moins 54 personnes ont été tuées par la police au cours d'émeutes déclenchées par une énième arrestation de Bobi Wine. A Kampala, où la présence militaire est très forte dans les rues, de nombreux habitants se sont pressés ces derniers jours dans les gares routières pour quitter la ville par peur de violences.
Les Ougandais ont jusqu'à 16h pour se rendre dans les bureaux de vote.
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