Ouganda
Le président ougandais Yoweri Museveni s’est expliqué sur le blocage des réseaux sociaux par la Commission des Communications, lors d'une allocution télévisée à deux jours des elections. Il a réagi aux critiques de la communauté internationale quant à des accusations de répression portées par ses adversaires, notamment le chanteur Bobi Wine, la principale figure de l’opposition.
Ce mardi, la directrice de la Commission ougandaise des communications, Irene Sewankambo, a ordonné aux opérateurs internet de "suspendre immédiatement tout accès" à l'ensemble des réseaux sociaux et services de messagerie, notamment Facebook, Twitter, WhatsApp, Signal et Viber. Il a confirmé que cette mesure était en représailles de la fermeture par Facebook de plusieurs comptes appartenant à des responsables gouvernementaux. "C'est regrettable, mais inévitable. On ne peut pas jouer avec notre pays, décider qui est bon, qui est mauvais. Nous mettons un terme à cela. Nous ne pouvons pas l’accepter", a déclaré le président sortant.
Répondant aux accusations de répression portées par l'opposition, Yoweri Museveni a argué que ses adversaires ne respectaient pas les mesures de restriction contre la pandémie de coronavirus. "Nos adversaires défiaient les restrictions contre la Covid-19 et rassemblaient un nombre important de personnes. Ce qui, bien sûr, facilitait la propagation du virus".
Le chef de l'Etat a également fustigé l'opposition pour le climat de tension prévalant dans le pays. "Il y a eu des tentatives d'intimidation, en particulier de la part de l'opposition, qui incite les gens à ne pas venir voter. Dans certaines régions, ils ont même attaqué de paisibles citoyens".
Campagne sanglante
Le scrutin du 14 janvier aura lieu après une campagne électorale des plus sanglantes. Des journalistes couvrant l'opposition ont été attaqués alors qu'en novembre dernier deux jours de manifestations avaient fait 54 morts.
Ce mardi, le chanteur Bobi Wine a exhorté ses partisans à voter en masse et à "protéger leur vote". Qualifiant d'"illégal" l'ordre donné par la Commission électorale aux électeurs de s'éloigner rapidement des bureaux de vote après avoir glissé leur bulletin dans l'urne, il les a enjoint à utiliser leurs "téléphones, leurs caméras" pour surveiller le scrutin.
Respect des droits humains
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et les Etats-Unis ont appelé mardi l'Ouganda à respecter les droits humains à l'approche de la présidentielle de jeudi. Antonio Guterres "exhorte les autorités ougandaises, particulièrement les forces de sécurité, à agir en respectant les normes internationales relatives aux droits humains", a déclaré son porte-parole. De son côté, le secrétaire d'Etat américain adjoint chargé de l'Afrique, Tibor Nagy, s'est dit "préoccupé par les informations selon lesquelles le gouvernement ougandais a ordonné aux fournisseurs internet de bloquer les réseaux sociaux et les messageries".
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