République démocratique du Congo
Si le régime de Joseph Kabila se dit « serein », l’opposition dénonce des irrégularités et d’autres pratiques frisant l’opacité pendant la compilation des résultats des élections du 30 décembre en RDC. La commission électorale jure quant à elle sur l’impartialité.
Débutées peu après la fermeture des bureaux de vote, les opérations de comptage des voix se poursuivent ce lundi 31 décembre. Et il faut attendre près de 5 jours pour que soient publiés les résultats provisoires.
Les états-majors politiques sont eux aussi en train de compiler les résultats. À l’image du Front commun pour le Congo (FCC) porté par Emmanuel Ramazani Shadary, dauphin de Joseph Kabila. Ayant déployé un million de témoins pour la collecte des résultats, la majorité présidentielle se dit « sereine » pendant l’attente de la publication des résultats par la CENI.
Un optimisme qui procède aussi de plusieurs facteurs dont la campagne électorale du 21 novembre au 20 décembre. « J’ai déjà gagné. Vous avez vu comment j’ai battu campagne, tout ce qui s’est passé. Je serai élu, c’est moi le président à partir de ce soir », se félicitait le 30 décembre, Emmanuel Ramazani Shadary après avoir voté dans un centre de la commune de Gombe à Kinshasa.
Mais cette sérénité tranche carrément avec les réserves, mieux encore les inquiétudes des partis d’opposition. « Les procès-verbaux n’ont pas été signés par les témoins, ils n’ont pas été affichés devant les bureaux de vote, comme le recommande la loi électorale et ils n’ont pas été remis physiquement à nos témoins. Les centres restent inaccessibles et ils demandent à tous les témoins de rentrer », déplore Juvenal Munubo, un député de l’Union pour la nation congolaise (UNC), parti membre de la coalition Cap pour le changement (CACH soutenant Félix Tshisekedi.
L‘Église catholique recommande des résultats crédibles
Ainsi, « Nous nous posons la question de savoir si ce n’est pas un désordre organisé pour que demain la Cour constitutionnelle soit saisie et qu’elle annule tout. Cela, nous ne l’accepterons pas », s’est inquiété Tshisekedi après avoir voté.
Inquiétudes presque partagées par l‘Église catholique. Exclusion de témoins de candidats, incohérence entre les données des machines à voter et celles du comptage manuel des voix, absence d’information sur les lieux de compilation des résultats, … À l’occasion d’une conférence de presse, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a égrené ce lundi tout un chapelet de pratiques peu amènes.
Pour couronner le tout, Kinshasa a ordonné la coupure d’internet. « L’objectif pour le pouvoir congolais est d’empêcher la propagation de la remontée des chiffres venus des urnes », a commenté le site Lalibreafrique.be.
Un peu comme le Congo voisin l’avait fait lors de la présidentielle de 2016 pour « préserver le peuple congolais contre la chienlit, contre des rumeurs qui auraient pu semer le trouble dans ce pays qu’il juge fragile », selon les explications de Thierry Lézin Moungalla, ministre congolais de la communication.
Des allégations rejetées par la CENI. « Comme si la CENI disait dans telle ville, soyez corrects, à une autre ne soyez pas corrects, déclare-t-il. Non. Les gens qui étaient rassemblés, de l’opposition, ils n’ont pas permis à nos gens et nos observateurs [de travailler]. Ce sont de petits problèmes qui arrivent », a minimisé pour sa part, Jean-Pierre Kalamba, rapporteur de la CENI.
La CENI attendue au tournant
Petits problèmes ou pas, la CENI et le FCC semblent parler le même langage. Comme si la plateforme au pouvoir se disait satisfaite de la gouvernance électorale telle qu’elle se déroule jusqu’ici.
De quoi donner du grain à moudre à la société civile dont le clergé qui veut des résultats crédibles. « Pour assurer la crédibilité des résultats, le secrétariat général de la CENCO demande à la CENI de poursuivre toute action garantissant la transparence du processus : l’affichage des résultats issus de comptage manuel devant les bureaux de vote, l’identification des centres locaux de compilation (CLCR), l’accès des observateurs dans ces centres », déclaré l’abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO.
Reste à savoir si Corneille Nangaa et son équipe tiendront compte de ces recommandations pour qu’enfin leur gouvernance jusqu’ici objet de vives critiques soit lavée de tout soupçon de partialité.
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