Etats-Unis
Le combat semblait joué d’avance. Et pour cause, il opposait un jardinier afro-américain à un géant de l’agrochimie en activité depuis 1901. Mais vendredi 10 août, l’espoir est sorti victorieux lorsque la justice américaine a condamné Monsanto à verser 289 millions de dollars à Dewayne “Lee” Johnson, en phase terminale d’un cancer.
Lors de son procès fin juillet, où il était apparu affaibli devant la cour de justice de San Fracisco, Dewayne “Lee” Johnson avait réaffirmé son espoir de faire rendre des comptes à la multinationale afin que la justice triomphe. Si un premier pas a été franchi dans cette direction, le combat a tout de même été long pour le jardinier désormais célèbre.
En 2014, ce père de deux garçons de 10 et 13 ans, qui “écrit” et “fait de la musique”, a été diagnostiqué d’un lymphome non hodgkinien, un cancer incurable du système lymphatique.
Depuis deux ans, il vaporisait – parfois des centaines de litres à la fois — du Roundup et surtout sa version professionnelle, le RangerPro, des désherbants de Monsanto contenant du glyphosate, substance soupçonnée d‘être cancérigène. Un danger fermement nié par la firme.
Il était “responsable de la lutte contre les nuisibles” animaux et végétaux sur les terrains scolaires de Benicia, une petite ville de Californie, au nord-ouest de San Francisco. “J’aimais beaucoup mon travail, j‘étais très sérieux “, dit-il avec fierté, expliquant avoir appris pour l’essentiel sur le tas, et faisant sourire l’assistance en notant qu’il avait fait déguerpir “30 putois, 25 ratons-laveurs et … 1‘écureuil” des cours d‘école.
Les nuisibles, c‘était aussi les mauvaises herbes. À éliminer au Roundup, puis au RangerPro, plus puissant, à diluer dans de l’eau dans d’immenses citernes, avant de l‘épandre.
289 millions de dédomagements
M. Johnson qui ne savait rien des controverses autour du glyphosate à cette époque a, à deux reprises, été aspergé de RangerPro et ses vêtements trempés suite à des dysfonctionnements des vaporisateurs : “après la deuxième fois j’ai paniqué”, raconte-t-il, se remémorant de “la situation incontrôlable sur (sa) peau” où se multipliaient des lésions très douloureuses. “Je ne savais pas (si c‘était le RangerPro) mais j’ai commencé à avoir un pressentiment (…). Je me suis dit que ça pouvait être une raison possible à ma maladie”, a expliqué le plaignant au cours du procès.
En 2016, il décide finalement d’attaquer Monsanto en justice, épaulé par un cabinet d’avocats spécialisé, The Miller Firm. Il lui réclame plus de 400 millions de dollars. La loi californienne, obligeant la justice à organiser un procès avant le décès du plaignant, permet de traduire le glyphosate au tribunal. En réalité, il ne reste plus que deux années à vivre au jardinier, selon ses docteurs.
Sa lutte acharnée finit par s’avérer payant. Il est en effet l’un des rares particuliers à parvenir à mettre Monsanto sur le banc des accusés dans un procès. Mieux, à remporter le procès. Vendredi, la cour de justice de San Francisco a condamné l’entreprise à lui verser 289 millions de dollars. Mais, il pourrait subir un autre obstacle car Monsanto a interjeté appel.
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