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Côte d'Ivoire : accord entre les populations d'Agbaou et la mine d'or d'Endeavour

Côte d'Ivoire : accord entre les populations d'Agbaou et la mine d'or d'Endeavour

Côte d'Ivoire

Les populations d’Agbaou, localité du sud-ouest de la Côte d’Ivoire, sont aux anges. Elles viennent de décrocher un accord avec Endeavour, une compagnie canadienne spécialisée dans l’extraction aurifère. Mais les débuts de cette entreprise dans la région n’ont pas toujours été aussi roses. Explications.

Enfin, un accord entre les populations d’Agbaou et Endeavour, signé ce jeudi-même. Cela, après trois années de grincements de dents. En effet, la mine d’or d’Agbaou, qui génère trois tonnes d’or par an et qui occupe une superficie de 334 km2, était au centre des tensions entre l’exploitant canadien et les populations locales.

On ne fait pas d’omelettes sans casser les œufs, dit le vieil adage. Et c’est visiblement ce qui s‘était produit à Agbaou, où les autochtones exigeaient des « indemnisations » pour leurs terres agricoles grignotées par l’exploitant minier. Sans oublier « des emplois dans les mines », notamment pour les jeunes de la localité. La tension était palpable depuis 2014, année pendant laquelle Endeavour démarrait son exploitation minière à Agbaou. Les populations ne sont pas fait prier pour crier leur colère à travers des manifestations à répétition.

Et pourtant, Endeavour soutient avoir versé en tout la non-négligeable somme de 6,7 milliards de F CFA (10 millions d’euros) en guise de compensation aux habitants d’Agbaou. Cela, sur une période de cinq ans. Ce qui reviendrait à 5, 2 milliards de F CFA (8 millions d’euros) versés à pas moins de 1.100 agriculteurs et propriétaires fonciers. N’oublions pas non plus la somme de 1,5 milliard de F CFA (un peu plus de 2 millions 300.000 euros) dont a bénéficié un comité local de développement, afin de financer des infrastructures routières, d‘éducation et de santé.

Mais tout cet effort d’Endeavour n’a servi à rien, les populations d’Agbaou n’ayant à aucun moment bénéficié des sommes versées. En d’autres termes, elles (les populations) n’ont pas vu la couleur de l’argent donné.

Résultat ? Des manifestations à n’en plus finir, qui ont eu pour conséquence le ralentissement des activités de la compagnie canadienne. Les manifestations se déroulaient parfois de manière violente, provoquant des pertes chez l’exploitant minier. Pertes estimées à 600 millions de F CFA (915.000 euros) chaque année. Les installations d’Endeavour étant souvent paralysées par les mécontents. La compagnie minière a finalement été contrainte à la négociation directe avec les contestataires.

Comme solution, Endeavour Mining, ainsi que ses deux filiales (celles d’Agbaou et la mine d’Ity, dans l’ouest du pays), ont discuté directement dans la ville de Divo pendant deux jours avec les autorités locales et coutumières, les associations de jeunes et de femmes.

La décision a donc été prise à l’unanimité ; « mettre fin à toutes les formes de violences et d’intimidations de toutes natures », dans la dynamique de la création d’un « cadre permanent d‘échanges directs, pour anticiper sur d‘éventuelles crises et tensions entre la mine et les parties prenantes ».

Du travail, surtout pour les jeunes d’Agbaou

Les choses étant apparemment rentrées dans l’ordre, Allalo Grah Jephte, le porte-parole des jeunes d’Agbaou, lâche un « je suis heureux ».

Pour sa part, Daniel Yaï, directeur d’Endeavour Mining Côte d’Ivoire, déclare : « c’est une innovation, c’est une première. Nous voulons développer un dialogue social (…) qui vise à éviter des malentendus et des comportements susceptibles de bloquer l’activité de la mine. » Et d’ajouter que « le blocage des mines handicape tout le monde ».

Le contenu de cet accord n’est pas totalement dévoilé, mais certains de ses aspects sont connus. Selon Allalo Grah Jephte, la formation et de l’embauche par Endeavour Mining Côte d’Ivoire d’une centaine de jeunes est de mise. Le porte-parole s’est dit heureux de « la création de ce cadre de concertation, qui devra aboutir à la formation des jeunes sur le travail des mines ». Koffi Amenan, la présidente des femmes, renchérit : « la mine a occupé nos terres exploitables, nous n’avons plus d’activités agricoles. » Pour elle, la création d’emplois pour les jeunes est donc une aubaine à saisir.

De nouvelles indemnisations sont aussi prévues, mais leur montant reste soigneusement secret cette fois-ci.

L’on se souvient qu’ Allalo Grah Jephte et deux autres jeunes d’Agbou avaient passé six mois de leur vie derrière les barreaux. Ils étaient accusés par les autorités de leur pays d‘être les cerveaux des mouvements d’humeur qui avaient paralysé les activités d’Endeavour. Accusations jusque-là vigoureusement rejetées par les concernés.

Si l’on en croit les chiffres présentés par l’entreprise canadienne, seulement le tiers des quelque 900 emplois (directs et indirects) dont elle dispose est occupé par les habitants d’Agbaou.

La Côte d’Ivoire, leader mondial du cacao, n’a produit que 25 tonnes d’or à l‘échelle internationale en 2017, selon le gouvernement. Un chiffre fort modeste que comptent relever les autorités, qui parlent de gisements prometteurs en cours de développement. D’ailleurs, le président Ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, a fait connaître son intention de faire de la Côte d’Ivoire un pays minier.

La tâche s’annonce tout de même hasardeuse, quand on sait que tout le secteur minier ivoirien n’emploie que 44.000 personnes et ne représentait que moins de 3% du PIB du pays en 2017.

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