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Nigeria : le programme de dépollution du PNUE tarde à se matérialiser dans le Delta du Niger

Nigéria

Le projet de dépollution du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) en vue de nettoyer l‘État de Rivers, dans la région du Delta du Niger, tarde à se matérialiser. L‘État de Rivers souffre d’une extrême pollution, du fait des rejets de l’industrie pétrolière, qui y a commencé ses exploitations en 1958.

Le gouvernement fédéral de cet État n’a toujours pas mis en place les moyens requis pour assainir la région, terre du peuple Ogoni. Et pourtant, le 2 juin dernier, une cérémonie de lancement des travaux de dépollution avait eu lieu en présence des autorités fédérales et nationales.

L’impatience et l’inquiétude gagnent les cœurs chez les Ogoni. Le Forum de solidarité Ogoni et le Mouvement pour la survie du peuple Ogoni, exigent de la part du gouvernement le commencement effectif de ces travaux de dépollution.

Jeudi dernier, le vice-président nigérian, Yemi Osibanjo avait, au nom du président Muhammadu Buhari, annoncé le commencement des travaux tant attendus à Bono, en terre Ogoni. Pour l’instant, la création d’un conseil d’administration et la nomination d’un coordonnateur de projet, qui supervisera les travaux de dépollution, se font attendre.

Celestine Akpo Bari, coordinateur du Forum solidarité Ogoni, a souligné que les travaux de dépollution seront financés par la société Shell Petroleum Development Company. Akpo Bari a même ajouté que le groupe pétrolier paiera 90 % des fonds nécessaires à l’application des travaux de dépollution. Une sorte de mise en place de la politique du pollueur-payeur. Les 10 % restants seront gérés par les organismes gouvernementaux et les donateurs privés. Ils verseront chacun 5 % des fonds requis pour le nettoyage.

A l’origine des déboires environnementaux et sociaux du peuple Ogoni

Le peuple Ogoni est l’un des peuples indigènes qui vivent dans l‘État de Rivers au sud du Nigeria. Cette population compte environ 500.000 personnes.

Ce peuple s’est fait connaître au niveau international après la campagne de protestation contre la compagnie pétrolière Shell. Le MOSOP (Movement for the Survival of the Ogoni People) est un mouvement défenseur de ce peuple, dirigé jusqu’en 1995 par feu Ken Saro-Wiwa, qui a été à l’origine de plusieurs manifestations.

La première découverte de pétrole sur les terres Ogoni date de 1958. La destruction de l’environnement causée par l’extraction du pétrole en ces terre, ainsi qu’un manque de partage des richesses du pétrole, ont eu pour conséquence une opposition progressive de la part du peuple autochtone.

Ce n’est qu‘à partir de 1990, avec les premières campagnes du MOSOP, que les compagnies pétrolières rencontreront les premières vraies difficultés à contenir la résistance du peuple Ogoni. Lors de ses trois premières années d’existence, le MOSOP a déclenché une campagne locale et internationale contre Shell, la compagnie pétrolière la plus critiquée pour ses actions dans l‘État de Rivers.

La brutalité militaire en réponse aux revendications sociales des Ogoni

Le gouvernement nigérian du dictateur Sani Abacha a répondu par une militarisation de la zone et la répression de ce mouvement, enfermant les leaders des manifestations. Ken Saro Wiwa, le porte-parole de ce mouvement, se fait emprisonner plusieurs fois sans jugement jusqu’en 1995 où il sera emprisonné, jugé et exécuté par pendaison le 10 novembre de la même année.

Plusieurs ONG, comme Amnesty International, ont vivement dénoncé ce procès et l’attitude du gouvernement militaire face aux manifestations pacifiques des Ogoni. Le rôle de la compagnie Shell, lors de l’arrestation de Ken Saro-Wiwa, a aussi été très critiqué. Selon certaines estimations, 2.000 personnes ont été tuées depuis 1993 par l’armée nigériane, de nombreux villages ont été détruits et plusieurs Ogoni se sont exilés au Bénin. Certains d’entre eux ont été accueillis aussi au Canada et aux États-Unis.

Ces exactions ont eu pour conséquence l’expulsion du Nigeria du Commonwealth en 1995, avant d’y être réintégré en 1999. Selon plusieurs rapports, la situation des Ogoni ne s’est guère améliorée depuis.

La problématique relation entre Ogoni et compagnies pétrolières

Après s‘être retirée du territoire des Ogoni pour des raisons de sécurité, la compagnie Shell tente parfois d’y retourner pour y extraire du pétrole. En avril 2005, une des compagnies pétrolières Ogoni, du nom de Agip Waterfront, a été détruite afin de faciliter l’expansion de la compagnie NAOC (Nigerian Agip Oil Company). Au moins un Ogoni a été tué lors de cette action.

La situation actuelle est similaire dans d’autres régions pétrolifères du sud du Nigeria. D’autres combats continuent entre des compagnies pétrolières et des peuples autochtones du sud du pays. C’est le cas des Vengeurs du Delta du Niger, qui ont pris les armes depuis plusieurs années, pour réclamer le partage de la manne pétrolière.

De nombreux altermondialistes ont exprimé leur soutien au peuple Ogoni. Ils dénoncent souvent le manque d’actions contre les multinationales abusives. Dans son livre intitulé No Logo, Naomi Klein prend le retrait de Shell des territoires Ogoni sous la pression locale et internationale comme l’un des premiers grands succès du mouvement d’altermondialiste sur le pouvoir grandissant des multinationales.

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