Soudan
Depuis dimanche, la ville d’el-Fasher, dans l’ouest du Soudan, est le théâtre d’un massacre d’une ampleur tragique. Les forces alliées de l’armée accusent les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) d’avoir exécuté plus de 2 000 civils désarmés, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées. Ces accusations sont étayées par des rapports alarmants et des images sur le terrain, qui témoignent de multiples exactions.
Fay Abuelgasim, correspondante de l’Associated Press, précise : « Les FSR sont accusées d’arrestations et de tueries à caractère ethnique. Une organisation locale de défense des droits humains affirme que les FSR ont arrêté plus de 1 000 civils et en ont exécuté des dizaines. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des arrestations massives et des meurtres atroces alors que les habitants tentent de fuir la ville à pied. »
Le Humanitarian Research Lab de l’université Yale, s’appuyant sur des vidéos en open source et des images satellites, parle de « nettoyage ethnique » et d’« exécutions massives » visant les communautés non arabes Fur, Zaghawa et Bartis. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, alerte sur le risque de nouvelles atrocités à caractère ethnique, rappelant les massacres qui avaient ensanglanté le Darfour au début des années 2000. L’ONU et d’autres organisations de défense des droits humains réclament un accès humanitaire immédiat à la ville.
La Cour pénale internationale enquête actuellement sur les FSR et sur l’armée soudanaise pour divers crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés.
La chute d’el-Fasher, après dix-huit mois de siège, marque un tournant dramatique dans le conflit qui déchire le Soudan depuis avril 2023.
Tandis que les FSR sont soutenues par les Émirats arabes unis, l’armée reçoit l’appui de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, de l’Iran et de la Turquie. Le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du Soudan depuis 2021, a reconnu la défaite de ses troupes tout en promettant « vengeance » et « victoire ».
Les experts craignent une possible partition du pays et le retour des massacres qui avaient ravagé le Darfour. La communauté internationale est appelée à agir d’urgence pour mettre fin aux tueries et relancer une transition politique civile au Soudan.
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