Kenya
La résurgence des disques vinyles ces dernières années lui présage de beaux jours. Les analystes de Research and Markets prédisent une valeur mondiale des marchés du vinyle, à 3,4 milliards de dollars d'ici à 2032.
Un chiffre sans surprise pour James Rugami, propriétaire d’un magasin de vinyles au marché Kenyatta de Nairobi depuis des décennies.
"Quand les cassettes sont apparues et que les fabricants ont commencé à produire des platines à deux disques pour doubler la cassette, c’était la descente aux enfers pour les musiciens. Avec les disques vinyles, on est sûr d'avoir affaire à du vrai, c'est pourquoi j'ai décidé de m'en tenir là. Je n'ai pas opté pour les cassettes, encore moins pour les CD et je suis resté dans le vinyle", explique-t-il.
Dans le petit magasin "Jimmy's" , James Rugami, qui vend des singles et des 33 tours, se bat depuis plus d' une trentaine d'années à préserver le patrimoine culturel africain. Ceci, en conservant une collection rare de vieux vinyles principalement composée de rythmes africains classiques.
Pour lui, la préservation des vieux vinyles est particulièrement importante dans les pays africains qui ont connu des conflits, où les collections historiques peuvent avoir été perdues ou abandonnées.
"Tous les disques africains sont difficiles à trouver, à l'exception de ceux d'Afrique du Sud. En Afrique du Sud, il y avait de nombreux producteurs et machines à presser qui, je crois, fonctionnaient encore jusqu'à tard. Mais aujourd'hui, d'autres musiques, comme la musique congolaise, en raison des conflits qui ont sévi dans le pays pendant de longues années, comme en Somalie, en Éthiopie et dans l'instabilité, transporter des disques d'un endroit à l'autre est devenu un fardeau supplémentaire, et ils sont donc jetés " affirme-t-il.
Rugami, qui s'accroche aux vinyles, reproche à la jeune génération son manque d'intérêt pour la musique africaine traditionnelle.
Il déclare : "Très peu de gens savent qu'il existait, même en des temps immémoriaux, une musique chantée lors des funérailles et des mariages, dont la plupart n'ont pas été enregistrées, mais nous disposons d'un grand nombre d'enregistrements de l'époque. N'oubliez pas que le vinyle n'a pas été le premier à être enregistré. En 1887, quelqu'un a inventé ce que nous appelons aujourd'hui le gramophone. Ces disques n'étaient pas en vinyle, mais en gomme-laque, un matériau qui se casse comme des biscuits. C'était le premier enregistrement de musique à des fins commerciales, avant l'arrivée du vinyle au début des années 1900. Maintenant, si vous n'avez pas d'histoire, vous êtes un perdant".
Un paradis pour les collectionneurs
Une acculturation encouragée par de nouveaux modes d’écoutes, la plupart des disquaires kenyans ayant fermé leurs portes, remplacés par des services de streaming et de la musique piratée.
Toutefois, les mélomanes du monde entier continuent de se rendre dans ce petit magasin de disques prospère, figé dans le temps, et d’y payer le prix fort pour acquérir certains des morceaux de musique africaine les plus rares.
Pour Ben Townsend, un collectionneur australien de disques vinyles, le magasin de Rugami est un voyage dans le temps.
"Jimmy's est vraiment comme une capsule temporelle qui nous ramène à l'époque de la musique benga, quand la musique était faite pour raconter les expériences vécues par les gens pendant ces périodes extraordinaires de l'histoire du Kenya, et le magasin de Jimmy's, quand on y vient, on a toujours l'impression de marcher dans l'histoire avec toute la musique mais aussi les histoires que Jimmy raconte”, déclare-t-il.
Ben McCabe, passionné de disques originaire du Royaume-Uni affirme : "Par rapport à Spotify, qui est l'autre moyen que j'utilise pour écouter de la musique, si vous trouvez un disque, vous revenez au bon vieux temps de l'écoute d'un album, c'est-à-dire que vous ne sautez pas de pistes, vous écoutez ce que les artistes voulaient faire dans leur intégralité, et j'aime vraiment ça. Qu'il s'agisse d'une chanson que je n'aime pas beaucoup ou d'une chanson que j'apprécie vraiment, vous vivez l'expérience dans son intégralité et j'aime vraiment cet aspect des choses.”
Selon une étude réalisée par Research and Markets, l'un des plus grands magasins d'études de marché au monde, le marché mondial des disques vinyles a atteint 1,8 milliard de dollars en 2023.
Cette croissance est accompagnée par une résurgence des sonorités africaines traditionnelles, motivée par des pays comme le Nigeria, l'Égypte et l'Afrique du Sud, où le taux de reviviscence des disques vinyles est le plus élevé.
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