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Sols acidifiés : les agriculteurs africains en quête de régénération

Benson Wanjala examine un échantillon de terre dans sa ferme de Machakos, au Kenya, le mardi 21 mai 2024.   -  
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Andrew Kasuku/Copyright 2023 The AP. All rights reserved

Kenya

À travers l'Afrique, un nombre croissant de fermiers se tourne vers des experts en sciences du sol pour contrer l’acidification croissante de leurs terres, phénomène qu'ils attribuent en grande partie à l’usage intensif des engrais chimiques.

La détérioration des sols, responsable d’une baisse significative des rendements agricoles, pousse les experts à recommander un retour aux pratiques agricoles traditionnelles pour restaurer l'équilibre.

Benson Wanjala, agriculteur kenyan, illustre parfaitement cette crise. Cultivant des légumes sur une parcelle de deux acres en périphérie de Nairobi, Wanjala a connu une transformation marquante depuis ses débuts. Il y a vingt-cinq ans, il exploitait 10 acres dans son village natal du Kenya occidental, produisant jusqu’à 200 sacs de maïs par saison. Aujourd'hui, ses rendements ont chuté à seulement 30 sacs.

Wanjala attribue cette diminution à l’usage d’engrais acidifiants, qui ont, selon lui, rendu sa terre autrefois fertile stérile. « On m’a conseillé d’appliquer du fumier, mais je n’avais pas de vaches à l’époque. Étonné par la réduction des rendements, j’ai déménagé à Nairobi pour cultiver des légumes. Mon rendement a également diminué ici, probablement à cause de l’augmentation des produits chimiques dans le sol. Je n’ai pas d’autre choix que d’utiliser des engrais pour subvenir aux besoins de ma famille, » explique-t-il.

Malgré ces difficultés, Wanjala reste déterminé à poursuivre son activité agricole. Son expérience illustre les défis rencontrés par de nombreux petits exploitants agricoles confrontés à une fertilité du sol en déclin dans un contexte d’agriculture urbaine croissante.

Pour aider les agriculteurs à restaurer la santé des sols, Priscilla Wakarera, directrice générale de Rhea, une entreprise spécialisée dans la gestion de la santé des sols, propose des solutions innovantes. Son appareil "Rhea Agripad" permet d’effectuer des tests de sol rapides et précis, fournissant des résultats en quelques minutes.

Wakarera souligne que l’utilisation excessive d'engrais chimiques, souvent doublée en cas de faibles rendements, aggrave la dégradation des sols en modifiant leur pH. « Les agriculteurs qui utilisent des engrais chimiques le font parfois depuis deux générations, sans disposer des données nécessaires pour les utiliser correctement. Les entreprises vendant ces engrais cherchent avant tout à écouler leurs produits, » précise-t-elle.

Vers une agriculture durable ?

L’acidité élevée des sols entraîne une diminution de la biodiversité et une réduction des microbes bénéfiques nécessaires à des processus tels que la fixation de l'azote. Pour contrer cette tendance, Wakarera appelle à l'adoption de pratiques agricoles régénératives, telles que l’utilisation de bio-engrais, de fumier vert ou de biochar.

Elizabeth Atieno Opolo, responsable de la campagne alimentaire chez Greenpeace Afrique, met en garde contre les effets néfastes des engrais synthétiques. Elle explique : « Un excès d'azote peut provoquer le lessivage de l'azote, entraînant une pollution des nappes phréatiques. L’agriculture durable prend du temps mais elle nourrit le sol et l’environnement, contrairement à l’agriculture industrielle qui appauvrit les deux. »

Greenpeace Afrique travaille avec les petits agriculteurs pour promouvoir des pratiques agricoles durables et appelle les gouvernements à adopter des politiques favorables à cette transition.

Selon l’Alliance pour une Révolution Verte en Afrique (AGRA), environ 63 % des terres arables du Kenya sont devenues acides, réduisant la production de cultures de base comme le maïs et affectant les exportations d’horticulture et de thé. La FAO indique que la production de maïs au Kenya a chuté de 4 % en 2022, nécessitant des importations accrues pour combler le déficit.

Ce défi n’est pas limité au Kenya. L'Afrique possède 65 % des terres arables non cultivées restantes dans le monde mais dépense environ 60 milliards de dollars par an en importations alimentaires pour répondre à ses besoins, selon la Banque africaine de développement.

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