Zimbabwe
L'élection présidentielle et législative au Zimbabwe, qui a connu d'importants retards et dysfonctionnements, a été jugée vendredi "non conforme" au regard de la loi électorale par les observateurs internationaux, à quelques jours de l'annonce attendue des résultats.
La bataille dans les urnes a opposé principalement la Zanu-PF, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, et le premier parti d'opposition, la Coalition des citoyens pour le changement (CCC) menée par Nelson Chamisa, avocat et pasteur de 45 ans.
Le vote, qui devait se clore mercredi soir, a dû être prolongé au lendemain. Les cafouillages, et notamment le manque de bulletins dans les bureaux, se sont multipliés dans la capitale Harare, bastion de l'opposition. Celle-ci a dénoncé des "fraudes" et des "entraves" aux électeurs.
La commission électorale a reconnu que moins d'un quart des bureaux de vote à Harare avaient ouvert à l'heure prévue mercredi.
Les observateurs de l'Union européenne (UE), d'Afrique australe (SADC) et des pays du Commonwealth ont unanimement mis en doute le bon déroulé du processus électoral.
"Certains aspects du scrutin ne sont pas conformes aux exigences de la Constitution du Zimbabwe, de la loi électorale et des principes et lignes directrices de la SADC régissant des élections démocratiques", a déclaré le chef de la mission de la SADC, Nevers Mumba, devant la presse.
"Climat de peur"
"Les élections n'ont pas respecté de nombreuses normes internationales", a renchéri lors d'une conférence de presse distincte Fabio Massimo Castaldo, à la tête de la mission de l'UE, évoquant "un climat de peur". De "graves problèmes" ont entaché la "crédibilité" et la "transparence" du scrutin, a souligné Amina Mohamed, de la mission d'observation du Commonwealth.
Des électeurs étaient introuvables sur les listes tandis que d'autres ont été la cible d'intimidations dans les bureaux de vote, ont souligné les observateurs. Ils ont également relevé le refus des autorités d'accréditer certains médias étrangers et mis en cause la partialité des médias publics locaux.
Le vote s'est malgré tout déroulé dans un contexte "calme et pacifique", ont-il noté. La longue attente liée aux problèmes logistiques a toutefois découragé nombres d'électeurs, qui ont reporté leur espoir de "changement" à la prochaine fois. "À ce stade, tout porte à croire que le scrutin est serré", a estimé Kealeboga Maphunye, spécialiste en politique africaine basé en Afrique du Sud.
Le président Emmerson Mnangagwa a déclaré "la victoire certaine" et l'opposition a assuré être "en tête de l'élection présidentielle".
Aucune date n'a encore été annoncée mais les résultats doivent être publiés dans les cinq jours suivant le scrutin, donc pourraient intervenir dès la fin du week-end.
Avant le scrutin, Human Rights Watch avait déjà épinglé un "processus électoral gravement défectueux", incompatible avec un vote libre ou équitable.
La campagne dans ce pays dirigé d'une main de fer par le héros de la libération Robert Mugabe, jusqu'à ce qu'il soit écarté en 2017 par un coup d'Etat militaire, a été marquée par une répression sans nuance de l'opposition.
Dizaines de meetings interdits, arrestations d'opposants, y compris dans des maisons privées pour "réunion illégale" et invisibilité quasi-totale dans les médias d'Etat, a souligné le CCC, dans un pays déjà accablé par une longue histoire d'élections entachées d'irrégularités.
En 2018, Mnangagwa, successeur de Mugabe, avait été élu de justesse (50,8%). L'armée avait tiré contre des manifestants deux jours après le scrutin, faisant six morts. Chamisa, alors déjà son rival, avait contesté le résultat avant d'être débouté en justice.
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