Kenya
La police kenyane a affronté des manifestants anti-gouvernementaux mardi dans la capitale, Nairobi, lors d'une nouvelle série de manifestations à l'appel du chef de l'opposition.
Les députés de l'opposition se sont rendus au bureau du Président, dans le quartier central des affaires, pour présenter une pétition. La police les a dispersés à l'aide de gaz lacrymogènes.
Le vice-Président Rigathi Gachagua "nous a dit que nous savions où les trouver. Nous le savons. Nous y sommes allés et avons rencontré la police. Lâches !", a déclaré le sénateur Edwin Sifuna, du comté de Nairobi.
Les manifestants qui se sont présentés dans la matinée pour ériger des barricades sur les principaux axes routiers de la ville ont jeté des pierres sur la police, qui a répliqué par des gaz lacrymogènes. Un bus et un camion de marchandises ont été incendiés.
Les affaires ont été paralysées dans le comté de Kisumu, un bastion de l'opposition, lorsque la police a affronté les manifestants.
L'opposition réclame des mesures pour lutter contre le coût de la vie et des réformes de la commission électorale qui a supervisé l'élection remportée par le président William Ruto l'année dernière.
Le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, a fait état dans un communiqué d'actes de violence et de pillages menés par "des hordes de criminels se faisant passer pour des manifestants politiques", affirmant que les forces de l'ordre "ont pour instruction de faire appliquer la loi de manière ferme et décisive". Un total de 46 personnes ont été arrêtées mardi, selon le ministre.
Le chef de l'opposition, Raila Odinga, ancien Premier ministre du Kenya, a rejeté la position du gouvernement selon laquelle les manifestations de mardi étaient illégales et a exhorté ses partisans à venir en grand nombre.
Dans un communiqué, Azimio a dénoncé un déploiement policier massif "pour nous empêcher de poursuivre nos manifestations" et accusé le gouvernement d'envoyer des "hooligans" pour déclencher "le chaos" et décrédibiliser leur mouvement.
L'ancienne colistière de Raila Odinga lors de l'élection présidentielle de l'année dernière, Martha Karua, a déclaré que les manifestations reprendraient jeudi, après que l'opposition aura pris un jour de congé pour élaborer une stratégie. Mme Karua a indiqué que M. Odinga et l'ancien vice-président Kalonzo Musyoka s'étaient vu retirer leur sécurité.
Le chef de la police avait interdit les manifestations, citant des violences antérieures qui avaient entraîné le pillage de commerces et le vol de Kényans. M. Odinga a déclaré que les manifestations seraient pacifiques.
Lundi, M. Ruto a mis en garde les partisans de l'opposition contre la destruction de biens privés. Il a exhorté M. Odinga à reconsidérer la possibilité de reprendre les pourparlers.
M. Odinga avait annulé les manifestations pendant le Ramadan afin d'ouvrir la voie aux pourparlers proposés par M. Ruto. L'opposition et le parti au pouvoir ont désigné des hommes politiques pour participer aux discussions, mais l'opposition a rejeté certains des candidats désignés par le parti au pouvoir.
Les pourparlers ont depuis été interrompus et l'opposition a annoncé qu'elle reprendrait les manifestations de rue.
Elu en se faisant le héraut des "débrouillards" du petit peuple, William Ruto fait depuis face aux critiques, notamment après avoir supprimé des subventions coûteuses sur les carburants et la farine de maïs, dont les prix ont augmenté dans la foulée.
Locomotive économique de l'Afrique de l'Est, le Kenya fait face à une inflation galopante, qui a atteint 9,2% sur un an en février. Les seuls prix des produits alimentaires ont augmenté de 13,3%.
Le pays combat également une dépréciation du shilling kényan et une sécheresse inédite dans certaines parties du pays.
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