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Kenya : les manifestations contre le gouvernement ne faiblissent pas

Le leader de l'opposition kényane, Raila Odinga, au centre, s'adresse à ses partisans dans la banlieue de Nairobi, au Kenya, jeudi 30 mars 2023.   -  
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Brian Inganga/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.

Kenya

Des manifestants affrontent de nouveau sporadiquement la police au Kenya jeudi, troisième journée de protestations contre le gouvernement et l'inflation, mais la situation semble moins violente et moins tendue que lors des deux précédentes manifestations.

Dans les bidonvilles de Nairobi densément peuplés de Kibera et Mathare, des jeunes ont dressé des barricades, enflammé des pneus et jeté des projectiles sur les policiers, vêtus de tenues anti-émeutes, qui ont tiré des grenades lacrymogènes.

De très nombreux policiers patrouillent la capitale kényane, où l'activité est moins bouillonnante et la circulation moins dense que d'habitude.

A Kisumu, dans l'ouest du Kenya, fief de Raila Odinga, chef de l'opposition kényane, de petits groupes de manifestants ont allumé des feux au milieu de la route et jeté des pierres sur la police.

M. Odinga a appelé à des manifestations bi-hebdomadaires contre le gouvernement - chaque lundi et jeudi -, accusant le président William Ruto d'avoir "volé" la présidentielle d'août, d'être "illégitime" mais aussi d'être incapable de juguler la flambée des prix.

"Les Kényans doivent obtenir justice. Nous ne céderons pas", les gouvernants "ont fait des promesses qu'ils n'ont jamais tenues", a martelé M. Odinga dans un quartier de l'est de Nairobi, devant une foule de jeunes dont certains agitaient des branchages feuillus pour montrer leurs intentions pacifiques.

"Le coût de la vie augmente chaque jour et nous ne resterons pas silencieux. Nous disons à Ruto que les Kényans sont fatigués", a-t-il lancé debout, juché sur le marche-pied d'un des rutilants 4x4 de son convoi.

Le convoi se frayait difficilement un chemin à travers la foule de jeunes dansant, salué par de nombreux habitants à leur balcon. Un fort contingent de policiers anti-émeutes était déployé sur un grand axe de la capitale que doit traverser M. Odinga pour se rendre à sa prochaine étape annoncée.

"Anarchie et folie criminelle"

Lors des deux précédentes journées, les manifestations - déclarées illégales par la police - avaient dégénéré.

La police avait fait usage de canons à eau et tiré des grenades lacrymogènes - notamment contre le convoi de M. Odinga et des véhicules de presse -, mais aussi ouvert le feu à balles réelles, tandis que des pillards se déchaînaient.

Deux civils ont été tués - dans l'ouest du Kenya - et 51 policiers et 85 civils blessés lors de ces deux journées.

Lundi, une entreprise appartenant à M. Odinga à Nairobi a été saccagée et, dans les faubourgs de la capitale, quelque 2 000 pillards ont attaqué une exploitation agricole propriété de Uhuru Kenyatta, prédécesseur de M. Ruto.

M. Kenyatta a soutenu la candidature de M. Odinga lors de la présidentielle d'août dernier, après s'être brouillé avec M. Ruto qui fut son vice-président durant ses deux mandats.

Mercredi, le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, a assuré que toute personne troublant l'ordre public ferait l'objet de poursuites "quel que soit le parti politique" auquel il se rattache, tout en dénonçant dans un communiqué "l'anarchie et la folie criminelle".

Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, avait exprimé mardi sa "profonde inquiétude à propos de la violence" au Kenya et exhorté "au calme" et au dialogue".

La violence a aussi suscité l'inquiétude des Kényans, déjà en proie à une flambée de l'inflation et à un fort chômage et qui pour nombre d'entre eux luttent pour se nourrir au quotidien.

En février, l'inflation a atteint 9,2% sur un an, les seuls prix alimentaires ayant augmenté de 13,3%.

M. Ruto, rentré jeudi d'une visite officielle de quatre jours en Allemagne et en Belgique, s'était présenté durant la campagne électorale comme le défenseur des opprimés et avait promis d'améliorer le sort des Kényans ordinaires.

Mais il a depuis supprimé les subventions du carburant et de la farine de maïs - denrée de base au Kenya - dont les prix ont augmenté dans la foulée.

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