Tanzanie
La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a annoncé mardi la levée de l'interdiction des meetings politiques qui frappait l'opposition depuis 2016 dans ce pays d'Afrique de l’Est, dans un nouveau signal d'ouverture et de rupture avec son autoritaire prédécesseur John Magufuli.
Lors d'une réunion avec les chefs des partis politiques au palais présidentiel dans la capitale économique Dar es Salaam, la cheffe de l'Etat, au pouvoir depuis avril 2021, a annoncé que "l'interdiction des rassemblements politiques est désormais levée".
"Vous êtes tous libres de critiquer le gouvernement", a-t-elle assuré aux dirigeants des formations politiques."D'autres réformes juridiques sont à venir pour garantir que les droits de tous les partis sont respectés", a-t-elle également promis.
En 2016, le président Magufuli avait interdit les rassemblements publics des partis politiques. Dans les faits, cette interdiction ne frappait que l'opposition, car le parti Chama Cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir depuis l'indépendance en 1961, pouvait tenir des meetings où et quand il le souhaitait.
Les années au pouvoir de celui qui était surnommé "le bulldozer" pour son style brutal et intransigeant avaient été marquées par une répression des médias, de la liberté d'expression et de l'opposition politique, jusqu'à son décès soudain en mars 2021.
Groupes de défense des droits humains et partis d'opposition réclament depuis des années des réformes démocratiques, notamment pour limiter les pouvoirs présidentiels et permettre une plus grande liberté d'opinion.
Nommée pour succéder à Magufuli dont elle était la vice-présidente, Samia Suluhu Hassan a affiché sa rupture, tendant notamment la main à l'opposition, autorisant la réouverture de médias interdits et se disant prête à défendre la démocratie et les libertés fondamentales.
L'optimisme suscité par ces premières décisions avait été quelque peu douché par l'arrestation en juillet 2021 du leader et de trois responsables du principal parti d'opposition, Chadema, à Mwanza (ouest), où ils devaient participer à un rassemblement demandant des réformes constitutionnelles. La présidente avait alors été qualifiée de "dictatrice" par l'opposition.
Mais après sept mois de procès pour "terrorisme", les procureurs avaient en mars dernier annoncé abandonner les poursuites contre Freeman Mbowe et ses compagnons, qui avaient été remis en liberté.
La présidente avait alors reçu le leader de Chadema à sa libération, et tous deux avaient promis d'apaiser les divisions du pays.
Quelques semaines plus tôt, Samia Suluhu Hassan avait rencontré en marge d'un déplacement à Bruxelles le vice-président de Chadema, Tundu Lissu. Ce dernier était le candidat à l'élection présidentielle de 2020 contre Magufuli. Il vit en exil en Belgique depuis une tentative d'assassinat en 2017.
Puis en juin, le parti Chadema a appelé ses membres en exil à revenir au pays après que le gouvernement a affirmé que leur sécurité n'était pas menacée.
"Quand je suis arrivée au pouvoir, j'ai vu l'importance d'unir le pays et c'est pourquoi j'ai engagé une réconciliation et des réformes. Nous avons discuté et le pays est resté calme tout ce temps", a affirmé mardi Samia Suluhu Hassan, en affichant sa volonté d'aller plus loin.
"Je vous assure également que nous sommes prêts à relancer les réformes constitutionnelles", a-t-elle promis. "Nous discuterons et nous mettrons d'accord sur le point de départ (des discussions) et formerons une équipe qui nous conseillera sur la voie à suivre."
Les formations d'opposition attendent notamment des réformes avant l'élection présidentielle de 2025, afin d'établir des règles du jeu équitables.
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