Mali
Suite à l'arrestation de soldats ivoiriens à l'aéroport de Bamako au Mali, accusés d'être des "mercenaires" par les autorités maliennes, le Dr Aly Tounkara, directeur exécutif du Centre d'études sécuritaires et stratégiques du Sahel et analyste politique réfléchit à la situation.
Les autorités maliennes ont arrêté près de 50 soldats ivoiriens venus au Mali pour travailler pour une société contractante de la mission des Nations unies au Mali. Le gouvernement a fait cette annonce lundi en qualifiant les soldats ivoiriens de "mercenaires", une décision qui pourrait accroître les tensions entre les deux pays d'Afrique de l'Ouest.
Le Dr Aly Tounkara, directeur exécutif du Centre d'études sécuritaires et stratégiques du Sahel et analyste politique énumère les aspects sociétaux et politiques qui pourraient être à l'origine de cet incident.
Selon lui, "conformément aux premiers éléments factuels donnés par l'État du Mali, l'idée du mercenariat est soutenable. Mais dans le même temps, quand on se réfère également à la société à partir de laquelle les éléments se réclament, l'idée d'une ancienne habitude reste soutenable comme hypothèse. Ce sont des acteurs qui ont toujours été déployés sans que l'état du Mali ne soit informé."
"La deuxième hypothèse qui est aussi à soutenir à ce stade, l'élite militaire au pouvoir chercherait à coup sûr à avoir non seulement un contrôle effectif sur l'ensemble des éléments de sécurité qui opéreraient sur le territoire malien, mais en même temps c'est quand même aussi une façon à la fois pour le ministre des Affaire étrangères et pour l'élite militaire politique au pouvoir d'asseoir leur légitimité vis-à-vis du citoyen en terme de leur capabilité à faire face à des menaces peu importe leur nature" a-t-il ajouté.
Le gouvernement de transition au Mali qui tente d'affirmer sa présence sur le plan sécuritaire notamment, a déclaré que son ministère des affaires étrangères n'avait pas été informé , dénonçant une "violation flagrante" du code pénal relatif à l'intégrité territoriale.
"Le Mali est quand même aux abois tant sur le plan sécuritaire, politique même économique. Donc ouvrir un nouveau front paraîtrait une hypothèse marginale du point de vue analytique. Mais ce qui pouvait être soutenable comme argument aujourd'hui, comme argumentaire, le Mali cherche à tout point de vue à rassurer l'opinion nationale de ses capabilités à faire face aux menaces, qu'elles proviennent de l'intérieur ou de l'extérieur" déclare le Dr Aly Tounkara.
"Respecter la souveraineté du Mali"
Deux avions sont arrivés dimanche à l'aéroport international du Mali avec les 49 soldats "avec leurs armes et munitions de guerre, ainsi que d'autres équipements militaires", a déclaré le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maiga. Ils "se trouvaient illégalement sur le territoire national du Mali", et le gouvernement de transition les considère comme des mercenaires, a-t-il ajouté.
"_Le dessein funeste des personnes interpellées était manifestement de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l'ordre constitutionne_l", a indiqué le porte-parole du gouvernement Abdoulaye Maïga.
Mais selon Abidjan, la présence de ses soldats, dans le cadre d'opérations de soutien logistique à la mission des Nations unies au Mali (Minusma), est "bien connue des autorités maliennes".
"On sait que les déploiements jusqu'à une période récente, les différentes missions étaient planifiées conduites sans forcément que le Mali soit effectivement et réellement impliqué. Mais de plus en plus on observe un regain d'intérêt manifesté par l'élite militaire au pouvoir, lesquels intérêts auraient pour nom le contrôle de tout ce qui se passe sur le territoire, que tous les acteurs évoluent désormais sous le dicta de l'État central du Mali. Donc ça c'est une volonté aujourd'hui qui est sans équivoque." a commenté l'analyste politique.
Le colonel Assimi Goïta, président de la transition au Mali, a indiqué mardi dans un tweet avoir eu un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Nous avons évoqué l'appui" de l'ONU "au processus de transition au Mali et j'ai réitéré la nécessité pour les partenaires de respecter la souveraineté du Mali", a-t-il écrit. L'entretien a été confirmé par l'ONU.
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