Guinée
Une cour spéciale anti-corruption a décidé mardi de maintenir en détention deux anciens ministres du président guinéen déchu Alpha Condé, incarcérés pour détournement présumé de fonds publics, a-t-on appris auprès de leurs avocats.
La Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) instituée par la junte qui a renversé Alpha Condé en septembre 2021 a rejeté la demande de mise en liberté d'Ibrahima Kassory Fofana, Premier ministre de mai 2018 jusqu'au coup d'Etat de 2021, et de l'ancien ministre de l'Environnement Oyé Guilavogui.
En attendant leur procès, les deux hommes ont été placés début avril sous mandat de dépôt pour corruption, détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment.
"Nous sommes déçus, révoltés (par) cet acharnement_ contre nos clients"_, a déclaré à l'AFP Sidiki Berete, l'un des avocats de la défense.
La CEDEAO observe la situation du pays
Le 19 mai, Ibrahima Kassory Fofana et Oyé Guilavogui étaient brièvement sortis de prison sur décision de la CRIEF avant d'y retourner le soir même à la suite d'un appel du parquet.
La junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya, qui s'est fait entre-temps investir président, a proclamé la lutte contre la corruption, réputée endémique dans le pays, comme un de ses grands combats.
Une série d'enquêtes ont été ouvertes contre des personnalités de l'ancien régime et même de l'opposition à l'ancien président Condé.
La justice a annoncé début mai des poursuites contre M. Condé et une trentaine d'anciens hauts responsables sous sa présidence, pour assassinats, actes de torture ou enlèvements.
Les partis politiques crient de plus en plus fort à l'instrumentalisation de la justice et de la CRIEF.
La situation en Guinée devrait figurer parmi les grands sujets d'un sommet de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest samedi à Accra. Lors d'un précédent sommet, le 25 mars, les dirigeants ouest-africains avaient donné à la junte jusqu'au 25 avril pour présenter un calendrier "acceptable" de restitution du pouvoir aux civils. Depuis, la junte a fixé le délai à 36 mois, une durée difficilement acceptable pour la CEDEAO.
Celle-ci avait prévenu le 25 mars qu'à défaut de calendrier "acceptable" au 25 avril, "des sanctions économiques et financières [entreraient] immédiatement en vigueur". Le Mali, théâtre de deux putschs depuis 2020, est sous le coup de telles sanctions depuis janvier.
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