Soudan
Le pouvoir militaire au Soudan ne doit plus "tirer de balles réelles ni de grenades lacrymogènes directement sur les manifestants" anti-putsch, a exhorté jeudi l'émissaire de l'ONU pour les droits humains alors que la répression a déjà fait 82 morts dans le pays.
Au moment même où Adama Dieng s'exprimait à Khartoum, les forces de sécurité tiraient de nouvelles grenades lacrymogènes sur des manifestants conspuant le coup d'Etat mené le 25 octobre par le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, a rapporté un journaliste de l'AFP.
Face aux milliers de Soudanais qui défilent chaque semaine, les forces de sécurité doivent "revoir leur réponse", a plaidé l'émissaire sénégalais qui a rencontré depuis quatre jours dirigeants, diplomates et membres de la société civile pour tenter de faire la lumière sur la répression en cours.
Jeudi, il a réclamé une "enquête indépendante et transparente" sur les "82 morts, les 2.000 blessés" ainsi que sur "les violences sexuelles" ayant été commises, l'ONU ayant recensé au moins 13 viols de manifestantes.
M. Dieng s'est également inquiété du sort d'une centaine de détenus qui "n'ont jamais rencontré d'avocats" tandis que les rafles dans les milieux anti-putsch n'ont pas cessé depuis le coup d'Etat.
Des militants ont annoncé à l'arrivée de l'émissaire --dont la visite avait été repoussée en janvier par Khartoum-- la libération de dizaines de leurs partisans incarcérés, après une grève de la faim pour dénoncer leurs conditions de détention.
"Mais 20 sont toujours derrière les barreaux", a affirmé M. Dieng, lors de sa conférence de presse, ajoutant qu'il n'y a "aucune raison de les maintenir en détention".
L'émissaire onusien a également pressé les autorités d'annoncer les conclusions des enquêtes sur les plus de 250 morts de la révolte de 2019, qui a renversé le dictateur Omar el-Béchir.
En février 2020, les autorités civiles, limogées lors du putsch d'octobre, avaient ouvert des enquêtes sur ces violences sans être parvenues jusqu'ici à nommer des responsables.
Cela a attisé la colère de la rue qui réclame aujourd'hui justice, tant pour les victimes de la répression de 2019 que pour celles des violences qui ont suivi le putsch.
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