Soudan
Magasins fermés, routes barrées et universités à l'arrêt : au Soudan, la "désobéissance civile" décrétée après sept nouveaux morts dans la répression des anti-putsch bloque mardi Khartoum et ses banlieues.
Dans le turbulent quartier de Bourri, les forces de sécurité tentent de briser les barricades avec des tirs de grenades lacrymogènes, sans pour autant empêcher les jeunes manifestants de revenir sur leurs barrages de branchages et de pierres, rapportent des témoins.
"Magasin fermé pour cause de deuil", proclament une série d'affichettes collées sur les rideaux baissés des échoppes d'al-Sajane, énorme marché de gros pour les matériaux de construction de Khartoum totalement à l'arrêt mardi.
Répression
L'un de ses commerçants, Othmane el-Chérif, a été tué par balles lundi, au cours d'une des journées les plus sanglantes depuis le coup d'Etat du général Abdel Fattah al-Burhane le 25 octobre.
Depuis cette date, 71 manifestants ont été fauchés par une répression qui ne faiblit pas, en dépit des appels au calme venus de l'étranger. La police, elle, affirme que des manifestants ont poignardé à mort un de ses généraux. Si très peu de journées de manifestations se sont conclues sans mort, celle de lundi a été particulièrement violente.
Désobéissance civile
Les forces de sécurité avaient pour la première fois sorti leurs armes lourdes et n'ont pas hésité à ouvrir le feu, selon les témoins sur place et l'ensemble des chancelleries occidentales, même si la police a redit mardi n'avoir jamais tiré.
Face à ce nouveau déchaînement de violence, l'Université soudanaise des Sciences et technologies a annoncé interrompre toutes ses activités pour observer le deuil et la désobéissance civile "au putsch des traîtres".
Transition
Le 21 novembre, le Premier ministre civil, Abdallah Hamdok, avait accepté de coopérer avec les généraux, pour "faire cesser l'effusion de sang". Il a finalement jeté l'éponge début janvier, alors que des manifestants continuaient d'être tués dans les rues.
Aujourd'hui, dans un pays sans Parlement ni gouvernement ni aucune institution élue, c'est la communauté internationale qui tente de remettre la transition vers la démocratie sur les rails.
Solution négociée
Le groupe des "Amis du Soudan" - les Américains, les Européens, les institutions financières mondiales et les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite - discute mardi de la récente initiative de dialogue de l'ONU.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a déjà estimé toutefois qu"'en recourant à une force disproportionnée et en continuant à emprisonner militants et journalistes, le pouvoir militaire montre qu'il n'est pas prêt à trouver une solution négociée et pacifique".
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