France
Plus qu'un artiste, un condensé de l'histoire de France. A travers l'œuvre de Rachid Taha, l'exposition musicale "Douce France", au musée des Arts et métiers, à Paris, met à l'honneur l'héritage du natif de Sig, en Algérie, dans le patrimoine français.
"C'est une exposition où l'on peut chanter, danser, et découvrir le patrimoine de la chanson de l'exil jusqu'à l'émergence des cultures urbaines grâce à un personnage principal, le chanteur Rachid Taha", explique Naïma Huber Yahi, historienne et co-commissaire de l'exposition. "C'est par son répertoire qu'on découvre ce patrimoine de France, et qu'on va cheminer des années 1960 aux années 2000 pour comprendre comment le paysage musical français s'est ouvert à la diversité", poursuit-elle.
Réalisée en partenariat avec notamment l'Institut national de l'audiovisuel (INA), le musée national de l'histoire de l'immigration et l'association Villes des Musiques du Monde, l'exposition sera accompagnée jusqu'au 8 mai 2022 de rencontres, débats, projections et concerts.
"Douce France"
Figure du rock français, Rachid Taha, mort à 59 ans d'une crise cardiaque en septembre 2018, avait repris avec son groupe Carte de Séjour "Douce France" de Charles Trénet en y intégrant des sonorités orientales. Une reprise devenue culte pour la génération "beur" et métissée des années 1980.
Voix passionnée du raï et du chaâbi de son Algérie natale, il avait aussi popularisé la chanson "Ya Rayah" de Dahmane El Harrachi auprès du public français et international en 1997, permettant de faire reconnaître les apports culturels et artistiques méconnus de l'immigration dans la culture française.
Disque d'or
"Si on ne connaît pas le nom de Rachid Taha, on connaît Ya Rayah, et c'est ça qui est extraordinaire. Son œuvre dépasse sa notoriété personnelle, il a vraiment profondément marqué notre mémoire collective et notre imaginaire", souligne Naïma Huber Yahi.
Grâce à un parcours chrono-thématique, mêlant vidéos d'archives, photos, affiches, enregistrements audios, et objets de l'époque, du scopitone aux décors des cabarets orientaux, l'exposition met également en lumière d'autres chanteurs de l'exil comme Slimane Azem ou Noura, premiers artistes maghrébins à recevoir un disque d'or en France en 1971.
Diversité culturelle
De l'émergence de la scène hip-hop à la fin des années 1980 aux musiques urbaines et populaires actuelles, Rachid Taha "a aussi fait pleins d'enfants, qui aujourd'hui existent grâce à lui et expriment cette diversité culturelle qui fait la France", souligne Myriam Chopin, co-commissaire de l'exposition.
"Il s'agit là de la transmission d'un récit qu'on a besoin de connaître", estime-t-elle. "Tant que l'on ne l'aura pas inclus dans le récit national, il n'y aura pas de Douce France".
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