Equateur
Dans les hauts plateaux équatoriens, un village afro doté d'une culture musicale caractérisées par des instruments issus de la nature, déplorent une tradition en voie d'extinction.
Son odeur est largement connue mais ce n'est qu'ici, dans un village afro des hauts plateaux équatoriens, que les feuilles des arbres fruitiers claquent. Ce sont des instruments. Étonnamment, un son aigu et mélodieux s'échappe des feuilles d'Isidro Minda, membre de la "banda mocha", un groupe andin atypique en voie d'extinction.
Originaires de Chalguayacu, dans la province d'Imbabura, ils sont onze musiciens amateurs formés exclusivement dans la tradition. Cinq jouent des puros - des calebasses creuses allongées - ; trois jouent des feuilles d'arbre et le reste joue des instruments plus établis comme la grosse caisse, le tambourin et le güiro.
Le groupe a tiré son nom de l'expression "mochar", qui signifie en Équateur "couper ou arracher". C'est ce que Minda fait avec les feuilles de citron, de mandarine ou de goyave et ses compagnons avec les calebasses pour les transformer en instruments.
Le groupe Mocha jouera bientôt à la fête patronale de Chalguayacu, village de quelque 2 000 habitants où deux univers sonores se sont rencontrés : celui du monde andin et celui des esclaves amenés d'Afrique, explique l'ethnomusicologue Juan Mullo.
" L'être vibre, le corps vibre. L'instrument est le corps dans le groupe Mocha", ajoute-t-il.
Pas d'héritiers
Minda, Segundo Yépez et Tomás Carabalí se présentent comme les "hojeros", les musiciens afro capables de faire sonner les très fines lames des arbres. Un par un, ils arrivent sur la place centrale de Chalguayacu au son de la grosse caisse. Ce n'est pas encore l'aube, et les onze se préparent déjà une fois de plus pour la représentation de dimanche devant le peuple.
En vibrant avec le cigare, Abdón Vásquez, 78 ans, le réaffirme : il veut mourir en jouant de la même manière qu'il a commencé à le faire il y a trois décennies. Bien qu'il bénéficie d'une certaine reconnaissance extérieure, le groupe Mocha est en voie d'extinction, déplorent les musiciens.
Le flûtiste et le joueur de cymbales sont déjà morts sans laisser d'héritiers, et parmi les jeunes de ce village de la vallée aride de Chota, il est difficile de trouver quelqu'un qui veuille continuer à pratiquer leurs sons. Leurs aspirations, disent-ils, vont plutôt vers la vie militaire ou policière, mais surtout vers le football. L'enthousiasme pour le football s'est accru avec la génération dorée de joueurs de Chota qui a conduit l'Équateur à sa première Coupe du monde en 2002. La musique, en revanche, reste synonyme de pauvreté.
"Cela me rend triste que notre culture se perde car tout le monde meurt dans le groupe", dit Julián García, qui a dû passer de la feuille à la calebasse après avoir perdu ses dents de devant.
Lorsqu'ils sont chanceux le groupe peut gagner 800 dollars par spectacle qu'il faudra se partager. Toutefois, cette somme n'est pas suffisante pour appâter la nouvelle génération.
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