Soudan
Les forces de sécurité soudanaises ont abattu au moins un manifestant samedi lors de la répression des manifestations contre le coup d'État, selon des médecins, après que l'armée a renforcé son emprise en formant un nouveau conseil de direction.
Les manifestations en faveur de la démocratie ont lieu près de trois semaines après que le général en chef Abdel Fattah al-Burhan a évincé le gouvernement, arrêté les dirigeants civils et déclaré l'état d'urgence.
"Un manifestant a été tué à Omdurman par les balles du conseil militaire putschiste", a déclaré le Comité central des médecins soudanais dans un communiqué, faisant référence aux forces de sécurité.
D'autres manifestants dans la ville jumelle de Khartoum ont été blessés par des "balles réelles", a-t-il ajouté.
Un correspondant de l'AFP a rapporté avoir entendu des coups de feu lors d'une manifestation dans l'est de Khartoum.
Des gaz lacrymogènes ont également été tirés lors de nombreuses manifestations à Khartoum et dans les villes voisines, les forces de sécurité cherchant à disperser les manifestants, selon des témoins et un correspondant de l'AFP sur place.
"Non, non au régime militaire", "Le régime civil est le choix du peuple" et "A bas le conseil tout entier", ont crié les manifestants dans le sud de Khartoum.
Des milliers de personnes se sont rassemblées dans tout le pays, des manifestations ayant eu lieu dans les villes d'Atbara et de Wad Madani, ainsi que dans l'État central du Nord-Kordofan, dans la ville de Port-Soudan et dans l'État de Kassala, selon des témoins.
La prise du pouvoir par l'armée le 25 octobre a suscité une large condamnation internationale, tout comme la répression meurtrière des manifestations de rue organisées par des personnes exigeant le rétablissement de la transition démocratique du pays.
Les espoirs des manifestants de voir l'armée faire marche arrière ont été anéantis jeudi, lorsque Burhan s'est nommé à la tête d'un nouveau Conseil souverain au pouvoir qui exclut le principal bloc civil du pays, ce qui a déclenché de nouvelles condamnations de la part de l'Occident.
Appel à la retenue
Les manifestations ont eu lieu malgré la forte présence de forces militaires, policières et paramilitaires à Khartoum, où les ponts reliant la capitale aux villes voisines ont été bouclés, ont rapporté des correspondants de l'AFP.
Les forces de sécurité ont également bloqué les routes de Khartoum menant au quartier général de l'armée, site d'un sit-in de masse en 2019 qui a conduit à l'éviction du président autocratique Omar el-Béchir.
Les Nations unies ont appelé les forces de sécurité à s'abstenir de toute violence, qui depuis le coup d'État a déjà fait au moins 16 morts, selon un syndicat indépendant de médecins.
"J'appelle une nouvelle fois les forces de sécurité à faire preuve de la plus grande retenue et à respecter le droit de réunion pacifique et la liberté d'expression", a déclaré le représentant spécial des Nations unies pour le Soudan, Volker Perthes.
Les manifestations de samedi ont été en grande partie organisées par des groupes informels connus sous le nom de "comités de résistance", qui sont apparus lors des manifestations anti-Bachir de 2019.
Les comités ont appelé à de multiples protestations depuis le coup d'État et ont mobilisé les foules par SMS, le Soudan étant largement resté sous le coup d'une coupure rigoureuse d'Internet, les lignes téléphoniques étant perturbées par intermittence.
Les manifestants ont également bloqué des routes avec des briques, comme ils l'avaient fait lors de rassemblements précédents. Mais malgré ces efforts, "l'opposition civile au coup d'État a été diffuse et fragmentée", a déclaré Jonas Horner, analyste à l'International Crisis Group.
Le coup d'État a donné lieu à des mesures punitives de la part de la communauté internationale, troublée par l'abandon de la transition vers un régime civil complet.
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