Cameroun
Les traits griffonnés, les coups de crayon imparfaits, Félix Fokoua revient sur ses premiers dessins avec nostalgie. Comme beaucoup de Camerounais, il s’est lancé dans l’art numérique malgré la difficulté d’accès aux tablettes électroniques et aux ordinateurs.
"Jeune, j'étais passionné de BD. J'adorais dessiner. Mais je ne pouvais pas imaginer faire de cette passion mon métier", raconte Félix Fokoua. Il passe une licence de biochimie et, lorsque sa mère ouvre un cybercafé, il s'inscrit sur Facebook et suit avidement les groupes d'artistes français, américains et japonais, ses premières sources d'inspiration.
Pas question encore d'utiliser des tablettes, elles sont quasiment introuvables et coûtent très cher au Cameroun en ce début des années 2010. "J'ai commencé à dessiner sur du papier et c'était compliqué au début. Il fallait acheter du matériel et se former. Avec l'arrivée d’internet et des réseaux sociaux, je me suis rendu compte de l’opportunité de se former, chercher des tutoriels en ligne, aller sur YouTube, chercher des vidéos de formation et c'est donc petit à petit ainsi que je me suis retrouvé dans l'art numérique."
L'essor du numérique a permis à Felix Fokoua de se faire connaitre, au point de concevoir la mascotte de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations, qui se jouera au Cameroun. Il expose ses œuvres sur la toile, Facebook et Instagram principalement, et reçoit des commandes privées, très majoritairement de l'étranger.
"Ça permet non seulement de créer assez facilement mais aussi de partager encore plus facilement son travail. Cela me permet aujourd'hui d'être au Cameroun et de travailler avec quelqu'un qui est peut-être en Allemagne, au Japon, aux Etats-Unis. Ça ouvre encore plus des opportunités comparées à une personne qui va travailler peut-être de manière traditionnelle, qui aura des difficultés à exporter son travail", avance Félix Fokoua.
Vision du monde
Un avis que partagent les employés de Waanda Stoudio, une entreprise de création graphique et d'édition de Yaoundé. Pour de nombreux artistes camerounais, le numérique leur permet de se lancer plus facilement et d’élargir leur vision du monde."Les outils traditionnels sont très coûteux quand tu réfléchis aux couleurs, les formats, les stylos, les pinceaux. Tout cela est déjà disponible dans le logiciel que vous utilisez dans l'ordinateur", soutient Mark Mengnjo
Pour les acteurs du numérique, il est impératif de valoriser cette industrie en pleine expansion sur le continent. "Un nouveau modèle économique est en train d'émerger de nouvelles pratiques digitalisées de production, diffusion et publicisation de contenus", souligne Nicanor Tatchim, enseignant-chercheur à l'université de Lille, en France.
Hugues Bertrand Biboum, directeur artistique de Waanda Stoudio, admet que "la transformation du secteur est très favorable" et que la "demande internationale augmente" pour les produits numériques africains. Mais il déplore aussi le manque d'intérêt et d'accompagnement du gouvernement.
"L'avenir du secteur est prometteur", renchérit Olivier Madiba, fondateur et directeur de Kiro'o Games, basé dans la capitale. "Mais le Cameroun a un énorme retard technique et humain pour réaliser des œuvres à la hauteur des exigences du spectateur".
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