Mozambique
Le gouvernement mozambicain doit accepter l'aide militaire étrangère pour combattre les djihadistes qui terrorisent le nord du pays depuis plus de trois ans, mais "utiliser la force avec sagesse", recommande le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) dans un rapport publié vendredi.
"Il faut un niveau approprié de soutien militaire pour faire pression sur ces groupes (...) afin qu'ils envisagent de se rendre. Mais aussi leur offrir une porte de sortie", a expliqué à l'AFP l'expert du Crisis Group et l'un des auteurs du rapport, Dino Mahtani, encourageant au dialogue avec les rebelles notamment pour leur offrir l'amnistie.
Des groupes armés connus localement sous le nom d'"Al-Shabab" ("les jeunes" en arabe), multiplient depuis 2017 les attaques dans la province pauvre et à majorité musulmane du Cabo Delgado, frontalière de la Tanzanie. Les violences ont déjà tué 2 800 personnes et forcé 700 000 à fuir, selon l'ONU.
Le 24 mars, une attaque surprise d'ampleur sur la ville portuaire de Palma a fait des dizaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés, dans ce raid considéré comme l'un des pires et qui a suscité la réaction de la communauté internationale. Jusqu'à présent le président mozambicain, Filipe Nyusi, s'est montré réticent à toute aide étrangère, insistant sur la souveraineté du pays, indépendant depuis 1975.
Intervention militaire étrangère
Le gouvernement doit accepter une intervention militaire étrangère "mesurée", pour soutenir et former les troupes locales, mais "utiliser la force avec sagesse" en évitant un "déploiement massif" de troupes étrangères, exhorte le rapport. Car "cela pourrait finir par pousser d'autres djihadistes à venir combattre une intervention internationale", met en garde Dino Mahtani.
Le groupe de réflexion recommande également au gouvernement mozambicain d'"apaiser les tensions locales", en finançant des projets de développement qui pourraient donner des moyens de subsistance à ceux "qui envisagent de rejoindre l'insurrection".
La découverte d'immenses gisements de gaz naturel et de rubis dans la région n'a jamais bénéficier aux communautés locales, poussant une jeunesse désenchantée dans les bras des rebelles, selon Dino Mahtani, qui décrit le Cabo Delgado comme un "creuset" de facteurs économiques et sociaux qui nourrissent le djihadisme.
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