Liberté de la presse
Alors que le monde célèbre ce lundi 3 mai la journée mondiale de la liberté de la presse, où se situe le continent?
Selon le classement de Reporters sans frontières, 23 pays sur 48 apparaissent en rouge ou en noir sur la carte ce qui signifie que la situation des journalistes y reste préoccupante, explique Arnaud Froger, responsable Afrique de RSF.
« Sur près de la moitié du continent, et il est question ici de l’Afrique subsaharienne, la situation de la liberté de la presse reste très préoccupante; les informations sont souvent bloquées ; soit partiellement soit complètement. Il y a des restrictions pour empêcher les journalistes de faire correctement leur travail ; et dans le pire des cas il y a des exactions ; cela veut dire que les journalistes sont intimidés, agressés parfois arbitrairement arrêtés voire tués.
L’Afrique reste en cela le continent le plus violent à l’égard des journalistes, plus d’une trentaine de reporters ayant été tuées au cours de ces cinq dernières années. On note toujours un nombre importants d’exactions dans des pays comme la République Démocratique du Congo, le Nigéria, la Somalie ; ce sont des pays où l’on recense chaque année plus d’une centaine d’exactions commises contre les reporters dans l’exercice de leur fonction. »
L’Algérie est aux yeux de Reporters sans frontières, l’un des plus mauvais élèves du continent. Le pays a perdu 27 places en six ans et se classe désormais au 146ème rang mondial.
« On l’a très bien vue à l’aube de la crise du coronavirus où justement les autorités algériennes se sont saisies du prétexte de la crise sanitaire pour mettre fin à un mouvement social, interdire les manifestations et surtout arrêter les personnes et les journalistes qui les couvraient ; cela été le cas de Khaled Draheni, que vous connaissez, qui est le correspondant de Reporters Sans Frontières, qui a passé 11 mois en détention arbitraire pour rien puisque les faits qui lui ont été reprochés étaient montés de toute pièce et ne visaient en réalité qu’à le réduire au silence. »
Pour faire bouger les choses, il faudrait agir au niveau global mais aussi national
« L’un des objectifs globaux que l’Afrique pourrait se donner, nous plaidons pour et c’est aussi un travail que l’Union africaine pourrait porter, c’est déjà de faire en sorte qu’il ne soit plus possible dans les droits nationaux, d’incarcérer et de détenir des journalistes pour de simples faits de presse présumés. Ensuite il faut évidemment des approches très locales et au fait des circonstances qui peuvent être extrêmement mouvantes, la passation de pouvoir qui a eu lieu il y a deux ans en RDC, même si pour l’instant elle ne s’est pas traduite par des changements très concrets, elle s’est quand même aussi traduite par un changement de ton très important ; la réalité des journalistes gambiens n’est plus du tout la même aujourd’hui que celle qu’elle était sous Yaya Jammeh. Donc il y a nécessairement aussi de notre part une volonté d’accompagner les changements et de faire des recommandations au plus près du terrain dans les contacts que l’on peut avoir avec les autorités sur place. »
Parmi les bons élèves, la Namibie qui reste leader du classement pour la seconde année consécutive, le Ghana, les Seychelles ... et le Burundi qui progresse dans la bonne direction
« Un pays comme le Burundi qui a traversé 5 ;6 ans de crises extrême, son nouveau président a remis en liberté et gracié quatre journalistes détenus depuis plus d’un an ; et il a entamé des négociations pour ré autoriser les médias qui avaient été suspendus, sanctionnés voire détruits pendant la crise. Et même si le pays reste mal classé car les problèmes sont importants, le Burundi a gagné treize places dans le classement de cette année. Donc il n’y a pas de fatalité en matière de liberté de la presse, la volonté politique est u facteur absolument déterminant pour ancrer le changement de manière durable. »
Propos recueillis par Bridgette Ugwe, Africanews
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