Burkina Faso
L'ex-président du Burkina Faso Blaise Compaoré, en Côte d'Ivoire, va être jugé pour l'assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, icône panafricaine, lors du coup d'Etat de 1987 au cours duquel il avait pris le pouvoir.
Le dossier a été renvoyé mardi devant le tribunal militaire de Ouagadougou, après la confirmation des charges contre les principaux accusés, dont Blaise Compaoré, 34 ans après la mort du père de la Révolution burkinabè, selon des avocats de la défense et des parties civiles.
L'assassinat de l'icône panafricaine Thomas Sankara, pour lequel l'ex-président du Burkina Faso Blaise Compaoré sera jugé 34 ans après les faits, a eu lieu le 15 octobre 1987 lors d'un coup d'Etat.
Thomas Sankara prend les rênes de la Haute-Volta par un putsch, le 4 août 1983, à l'âge de 33 ans. Le capitaine proclame une "révolution démocratique et populaire" et rebaptise l'ex-colonie française Burkina Faso ("patrie des hommes intègres").
Quatre ans plus tard, le 15 octobre 1987, le "Che Guevara africain" est assassiné avec douze de ses compagnons par un commando lors d'une réunion au Conseil de l'Entente (siège du Conseil national de la Révolution). Son frère d'armes Blaise Compaoré lui succède au pouvoir.
Le général Gilbert Diendéré, homme de l'ombre et bras droit de Blaise Compaoré, est soupçonné d'avoir organisé l'action du commando. Il purge actuellement une peine de 20 ans de prison au Burkina pour une tentative de coup d'Etat en 2015.
Thomas Sankara est enterré en catimini le soir de son assassinat au cimetière de Dagnoën (banlieue Est de Ouagadougou), devenu un lieu de pèlerinage pour ses admirateurs.
Ouverture du procès Sankara 34 ans après
En 1990, sa veuve, Mariam, s'installe avec ses deux enfants à Montpellier, dans le Sud de la France. En 1997, peu avant la prescription, elle porte plainte contre X au nom de ses enfants pour "assassinat". La famille Sankara demande l'exhumation du corps pour vérifier qu'il s'agit bien du sien.
Le régime Compaoré refuse l'ouverture d'une enquête. Et Sankara demeure un sujet tabou pendant les 27 ans de pouvoir de Blaise Compaoré, finalement renversé en octobre 2014 par une insurrection populaire.
L'affaire judiciaire est relancée sous la transition démocratique. Un mandat d'arrêt est émis contre l'ancien président par la justice burkinabé le 7 mars 2016. Mais M. Compaoré, exilé en Côte d'Ivoire dont il a obtenu la nationalité, ne peut pas être extradé.
Les corps présumés de Sankara et ses compagnons sont exhumés en mai 2015 pour une expertise ADN, afin de tenter de déterminer l'identité des victimes et lever le voile sur les circonstances de leur mort. Malgré des analyses en France puis en Espagne, les identités n'ont pas pu être confirmées.
En 2017, le président français Emmanuel Macron promet que les documents français concernant l'assassinat de Sankara seront "déclassifiés". Selon les avocats de la famille Sankara, "un important lot de ces documents a été transmis à la justice burkinabè", qui n'en a pas communiqué le contenu.
En février 2020, une reconstitution de l'assassinat se déroule sur les lieux du crime.
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