Egypte
Une "erreur humaine" pourrait être à l'origine de l'échouement du porte-conteneurs, a affirmé samedi le chef de l'Autorité égyptienne du Canal de Suez, au moment où les efforts se multiplient pour renflouer le navire bloquant cette voie maritime parmi les plus fréquentées du monde.
L'Ever Given, un porte-conteneurs de plus de 220 000 tonnes et de 400 mètres de long, est coincé depuis mardi dans le sud du canal, à quelques kilomètres de la ville de Suez, et bloque cette voie stratégique qui voit passer environ 10% du commerce maritime international, selon des experts.
Plus de 300 bateaux sont actuellement coincés aux deux extrémités du canal reliant la mer Rouge à la mer Méditerranée, a déclaré Ossama Rabie, le chef de l'Autorité égyptienne du canal de Suez (SCA). Alors que des vents violents combinés à une tempête de sable avaient d'abord été pointés du doigt pour expliquer l'incident, il a affirmé que les conditions météorologiques n'étaient pas la seule raison de l'échouement. "D'autres erreurs, humaine ou technique, ont aussi pu entrer en jeu."
Le blocage entraîne d'importants retards dans les livraisons de pétrole et d'autres produits, avec une répercussion sur les cours de l'or noir, en hausse vendredi. Ossama Rabie a estimé que l'Egypte perdait entre 12 et 14 millions de dollars pour chaque jour de fermeture du canal, tandis que la revue spécialisée Lloyd's list estime que le porte-conteneurs bloque chaque jour l'équivalent d'environ 9,6 milliards de dollars (8,1 milliards d'euros) de marchandises.
Les responsabilités pourraient être difficiles à établir. Le fait que "la propriété et l'exploitation (du bateau) soient séparées entre plusieurs compétences juridiques et frontières nationales" rend difficile la désignation de responsables, notait vendredi Laleh Khalili, professeure à l'université Queen Mary de Londres, dans les colonnes du Washington Post.
Opération de renflouement
Les efforts se multiplient depuis mercredi pour remettre à flot le mastodonte, mais une opération de renflouement menée vendredi a échoué. "Nous pouvons terminer aujourd'hui ou demain, en fonction de la réaction du navire face aux marées. Nous avons mis en place d'autres scénarios de secours", a ajouté Ossama Rabie, précisant que 14 remorqueurs étaient mobilisés.
Peter Berdowski, le directeur de Royal Boskalis - la maison-mère de la société néerlandaise Smit Salvage mandatée par l'exploitant du navire pour la remise à flot de l'Ever Given - a pour sa part évoqué un renflouement possible "en début de semaine prochaine". Si cela ne suffit pas, il faudra procéder à l'enlèvement de conteneurs pour alléger le navire, a prévenu Peter Berdowski, interrogé sur la télévision publique néerlandaise.
Une option qui aurait pour conséquence "un très grand retard" pour la reprise du trafic, selon Nick Sloane, spécialiste du renflouement de navires. "Le plus rapide serait d'utiliser les dragues et de dégager le sable", estime-t-il. "Ce n'est pas une opération rapide (...) Ca va prendre des semaines, pas des jours", ajoute-t-il.
Marée haute
L'Ever Given "n'est pas uniquement échoué sur le sable en superficie, il s'est également coincé dans la berge", a expliqué à l'AFP Plamen Natzkoff, expert chez VesselsValue. Le propriétaire du navire s'est montré plus confiant. Yukito Higaki, président de la compagnie japonaise Shoei Kisen, a dit vendredi espérer un déblocage du navire samedi soir. Une importante marée haute prévue "dimanche soir" pourrait "être d'une grande aide", a indiqué Plamen Natzkoff. "S'ils ne parviennent pas à le débloquer lors de cette marée haute, la prochaine n'aura pas lieu avant deux semaines."
En attendant, le géant du transport maritime Maersk et l'allemand Hapag-Lloyd ont indiqué jeudi qu'ils envisageaient de dérouter leurs navires et de passer par le Cap de Bonne-Espérance, soit un détour de 9 000 kilomètres et au moins sept jours supplémentaires autour du continent africain. Les autorités syriennes - qui attendent notamment une cargaison de pétrole venue d'Iran et retardée par le blocage - ont annoncé qu'elles "rationnaient" la distribution de carburant pour éviter toute pénurie dans le pays en guerre et confronté à une grave crise économique.
Onze cargos partis de Roumanie et transportant du bétail vivant sont actuellement affectés selon les autorités sanitaires à Bucarest. L'organisation Animals International évoque un danger de mort pour les 130 000 animaux. Près de 19 000 navires ont emprunté le canal en 2020, selon la SCA, soit une moyenne de 51,5 navires par jour.
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