Sénégal
Un jeune homme a été tué jeudi dans le Sud du Sénégal, lors de manifestations contre l'arrestation de l'opposant Ousmane Sonko qui, selon son entourage, devrait être entendu vendredi par un juge sur des accusations de viols, une affaire qui secoue ce pays ouest-africain habituellement calme. Les autorités sénégalaises ont suspendu pour 72 heures le signal de deux télévisions privées, Sen Tv et Walf TV, coupables selon elles d'avoir diffusé "en boucle" les images des troubles provoqués par son arrestation.
C'est le premier décès confirmé au cours des manifestations en faveur d'Ousmane Sonko, placé en garde à vue mercredi, officiellement pour les troubles à l'ordre public qu'il aurait causés en se rendant en cortège au tribunal, où il était convoqué pour répondre à ces accusations. "Il y a un décédé parmi les manifestants à Bignonia", en Casamance (Sud), a dit à l'AFP un commandant de la gendarmerie sous le couvert de l'anonymat. "On ne sait pas encore la cause (du décès). On est en train d'enquêter".
Quatre gendarmes ont été blessés dans les heurts, selon cette source, sans donner un bilan des manifestants blessés. Le préfet de Bignona, Babacar Ndiaye, a confirmé sur une radio le décès du jeune homme. Des troubles ont été rapportés dans d'autres villes, y compris en Casamance où Ousmane Sonko bénéficie d'un fort soutien. "Nous exigeons une enquête indépendante pour faire la lumière sur les circonstances du décès du jeune Cheikh Coly, 20 ans, lors d'une manifestation à Bignona. Les forces de défense et de sécurité doivent faire preuve d'un maximum de retenue face des manifestants non armés", a dit sur Twitter le directeur d'Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama.
Heurts à l'université
L'arrestation d'Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme l'un des principaux candidats à celle de 2024, a provoqué les heurts parmi les plus sérieux qu'ait connus Dakar depuis des années. Des groupes de jeunes et les forces de l'ordre ont échangé mercredi pendant une partie de la journée des jets de pierres et des tirs de gaz lacrymogènes dans la capitale. Les médias et les réseaux sociaux ont rapporté le pillage de magasins.
Des dizaines d'étudiants retranchés dans le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), sur le campus de l'Université Cheikh Anta Diop, ont à nouveau lancé jeudi après-midi des morceaux de parpaings sur les dizaines de policiers déployés alentour, selon des journalistes de l'AFP. Les policiers ripostaient à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes et en renvoyant les cailloux.
Le Pastef-Les Patriotes, le parti d'Ousmane Sonko, a indiqué qu'il devait être entendu jeudi soir par un juge sur les accusations de viols, mais ses avocats ont ensuite indiqué que le rendez-vous avait été reporté à vendredi. "Ousmane Sonko fait maintenant l'objet d'un mandat d'amener. Il sera conduit demain de gré ou de force chez le magistrat instructeur. Il n'est pas maître de son destin", a déclaré l'un d'eux à l'AFP, Abdoulaye Tall.
Viols et menaces de mort
Ousmane Sonko, 46 ans, est visé depuis début février par une plainte pour viols et menaces de mort déposée par une employée d'un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos. Personnalité au profil antisystème et au discours impétueux, le député réfute les accusations. Il crie au complot ourdi par le président Macky Sall pour l'écarter de la prochaine présidentielle. Le président a démenti.
Lors de sa garde à vue pour troubles à l'ordre public, lui et ses gardes du corps arrêtés en même temps ont "gardé le silence pour protester contre les violations de leurs droits dont ils sont victimes", a dit à l'AFP l'un de ses avocats, Cheikh Khouraissy Ba.
Le gouverneur de la région de Dakar, Al Hassan Sall, avait demandé mercredi le concours des forces armées. Il avait assuré jeudi en début de journée que c'était pour une "mission ponctuelle", désormais terminée, alors que le calme était à ce moment-là revenu selon lui dans la capitale. Aucun bilan des blessés ou des interpellations n'a été communiqué.
Le ministre de l'Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, a pour sa part justifié l'arrestation d'Ousmane Sonko par l'interdiction des rassemblements édictée à cause de la Covid-19 et par un plan de circulation mis en place par les autorités. "Tout le monde doit s'y conformer. D'autres l'ont fait. Je me demande pourquoi il y aurait une exception", a-t-il dit sur la radio RFM.
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