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Centrafrique : des rebelles contrôlent Bangassou

Des Casques bleus rwandais de la MINUSCA surveillent l'arrivée de groupes rebelles sur la route nationale 2 au nord de Bangui, le 25 décembre 2020   -  
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ALEXIS HUGUET/AFP or licensors

République Centrafricaine

Des rebelles en Centrafrique ont pris le contrôle dimanche de Bangassou, une ville située à 750 km à l'est de la capitale Bangui, après avoir lancé une attaque à l'aube, a indiqué à l’AFP le chef du bureau régional de la Minusca dans la ville. "Les rebelles contrôlent la ville, ils sont partout", a déclaré à l'AFP Rosevel Pierre Louis, le chef du bureau régional de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) à Bangassou, à la veille des résultats partiels de la présidentielle du 27 décembre.

Depuis le 19 décembre, une coalition de groupes rebelles, qui occupe les deux tiers du territoire, mène une offensive qui avait initialement pour but de perturber l’organisation des élections présidentielle et législatives dont le premier tour a eu lieu le 27 décembre. Les forces armées de Centrafrique (FACA), les forces du gouvernement, ont "abandonné leur position et se trouvent dans notre base", a poursuivi Rosevel Pierre Louis. "Les corps de cinq éléments armés ont été retrouvés", a twitté la Minusca, sans plus de précisions. Une quinzaine de blessés ont été transportés par Médecins sans Frontières, a de son côté déclaré l’ONG.

La Centrafrique a été ravagée par la guerre civile après qu'une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, a renversé le régime du Président François Bozizé en 2013. En 2017, la ville de Bangassou, frontalière avec la République démocratique du Congo (RDC), avait été ravagée par des miliciens antibalaka qui avaient massacré des dizaines de civils musulmans et tué plusieurs Casques bleus.

"Beaucoup de gens se sont réfugiés au Congo, sur l’autre rive. Ca fait deux semaines que les gens s’attendaient à une attaque. Mes enfants sont partis, moi je suis resté avec ma femme", déclare Ismail, un habitant de Bangassou. La veille, des groupes armés avaient attaqué à l'aube la ville de Damara, située à 70 km au nord de la capitale Bangui, fief du président sortant et favori du scrutin Faustin Archange Touadéra. "Il y a eu une incursion des groupes armés ce matin (samedi) avec des tirs. Mais les FACA sont intervenus et les groupes armés ont fui", avait précisé Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca. "Des patrouilles de la Minusca ont été envoyées sur place", a-t-il ajouté.

Le 19 décembre, une coalition de groupes armés a lancé une offensive pour perturber les élections présidentielle et législatives et a promis de "marcher sur Bangui". Les rebelles sont pour l'heure toujours tenus à distance de la capitale par les Casques bleus de l'ONU et les forces armées de Centrafrique (FACA), épaulés par des renforts de centaines de paramilitaires russes et de soldats d'élite rwandais."Les rebelles pensaient pouvoir atteindre Bangui, mais ils ne s’attendaient pas à l’arrivée des Russes et des Rwandais", estime Roland Marchal, spécialiste de la Centrafrique au Centre de Recherches Internationales (CERI) de Sciences Po à Paris.

Pour Nathalia Dukhan, experte de la Centrafrique pour l’ONG américaine The Sentry, les groupes armés ont adopté une stratégie de "long terme en mettant la main sur les ressources pour étouffer Bangui et pouvoir acheter des équipements et se renforcer militairement".

Lors de son allocution du 31 décembre, le président sortant et favori du scrutin, Faustin Archange Touadéra, a estimé que la Centrafrique était en guerre. "J’ai le pénible devoir de vous dire ce soir que nous sommes en guerre. La République est en guerre. Sa survie est menacée. Cette guerre asymétrique, nous allons la gagner", a déclaré le chef de l’État. La prise de Bangassou intervient à la veille de la publication des premiers résultats partiels de l’élection présidentielle par l’autorité nationale des élections (ANE).

Sur un territoire occupé aux deux tiers par des groupes armés, les votes des Centrafricains mettent du temps à être compilés. Des milliers de personnes ont en outre été empêchées de voter ou privées de leur carte d'électeur, jamais arrivée en raison de l'insécurité. Sur un total de 71 sous-préfectures, "29 n'ont pas voté", avait déclaré lundi le ministre de l'Administration du territoire. "Et dans six autres sous-préfectures, il n'y a eu qu'un vote partiel", avait ajouté Momokoama Théophile, rapporteur général de l'ANE. Le parti du président Touadéra a affirmé jeudi qu’il était en passe d’être réélu dès le premier tour de l’élection.

La COD-2020, qui regroupe les plus importants partis et mouvements de l'opposition, a de son côté énoncé dans un communiqué publié mercredi une série de griefs, parmi lesquels "des bourrages massifs des urnes" et "un nombre de votants qui dépasse celui des inscrits" dans certains bureaux de vote. Les résultats définitifs des élections sont attendus le 19 janvier.

Dans un communiqué dimanche, la Minusca a indiqué qu'elle tenait les principaux groupes armés, "l’UPC, le MPC, le 3R, le FPRC, les anti-Balakas et l’ancien président François Bozizé comme responsables de ces attaques et des conséquences graves sur la population civile". 

Des milliers de personnes ont été tuées depuis le début de la guerre civile, en 2013, quand une coalition à dominante musulmane, la Séléka, a renversé Francois Bozizé. Les affrontements entre Séléka et milices chrétiennes et animistes anti-balaka ont ensuite fait rage, les deux camps accusés par l'ONU de crimes de guerre et contre l'humanité.

Depuis 2018, la guerre a considérablement baissé d'intensité, les groupes armés se disputant les ressources du pays tout en perpétrant sporadiquement attaques et exactions contre les civils.

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