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Libye : deux villes stratégiques au mains du gouvernement d'union nationale

Libye

Le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est libyen qui mène depuis un an une offensive pour s’emparer de la capitale Tripoli où siège le Gouvernement d’union nationale (GNA), a essuyé un nouveau revers lundi en perdant deux villes stratégiques.

Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est déchirée aujourd’hui par une lutte de pouvoir entre Khalifa Haftar et le GNA, reconnu par l’ONU.

Le conflit a été exacerbé au fil des mois par les ingérences armées étrangères, avec notamment les Emirats arabes unis soutenant le maréchal Haftar, et la Turquie appuyant le GNA.

Des combats se déroulent encore aux portes de la capitale mais aussi dans d’autres régions de l’ouest libyen.

Les forces pro-GNA se sont emparées lundi des deux villes côtières de Sorman et Sabratha, respectivement à 60 et 70 km à l’ouest de Tripoli, à mi-distance entre la capitale et Ras Jedir, à la frontière avec la Tunisie.

“Nos forces ont pris le contrôle de Sorman et Sabratha et pourchassent les milices (pro-Haftar) terroristes en fuite”, a indiqué leur porte-parole Mohamad Gnounou dans un bref communiqué.

Sur leur page Facebook, les forces du GNA ont publié des photos de leur butin de guerre: des blindés, des lance-roquettes Grad, des chars et des véhicules armés.

Plus tard, M. Gnounou a annoncé la conquête d’autres petites villes plus au sud qui étaient sous contrôle de milices pro-Haftar: al-Ajaylat, Regdaline et al-Jmeil.

En réaction, des dizaines de roquettes se sont abattues sur la capitale, en particulier dans le périmètre de l’aéroport de Mitiga, à l’est de la ville, faisant au moins un blessé et provoquant des dommages à des maisons dans le quartier résidentiel de Soug al-Jomaa à proximité de l’aéroport, selon Oussama Ali, porte-parole des services de secours.

Les tirs ont été attribués par le GNA aux forces de Haftar qui accusent leurs rivales d’utiliser cet aéroport à des fins militaires.

Six heures de combats

Sabratha et Sorman étaient contrôlées notamment par des milices salafistes qui s‘étaient alliées au maréchal Haftar dès le début de son offensive contre Tripoli en avril 2019.

La perte des deux villes est un nouveau revers pour les forces du maréchal après la perte l‘été dernier de Gharyane, leur base arrière dans l’ouest libyen.

Khalifa Haftar a “perdu ainsi l’intégralité de la côte à l’ouest”, a indiqué l’analyste Jalal Harchaoui chercheur à l’Institut Clingendael de La Haye.

Selon un commandant du GNA sur place, Mohamad al-Gammoudi, Sorman et Sabratha ont été reprises “après six heures de combats avec une couverture aérienne”.

Le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, a confirmé la reprise de Sorman et Sabratha, et s’est félicité dans un communiqué de l’“échec” la veille d’une offensive du maréchal Haftar contre Abou Grein, située à mi-chemin entre les villes stratégiques de Syrte et Misrata, à l’est de Tripoli.

Les forces pro-Haftar se sont emparées en janvier de Syrte, et ont tenté d’avancer vers Misrata, à 250 km plus à l’ouest.

Des combats opposent les deux camps depuis dans la région d’Abou Grein.

Armes “redoutables”

Dimanche soir, les pro-Haftar ont annoncé avoir conquis Abou Grein, mais les forces du GNA ont rapidement récupéré le contrôle de la ville.

Selon M. Harchaoui, les forces du GNA appuyées par la Turquie ont montré plus d’“agressivité” ces dernières semaines “sur de multiples fronts, souvent avec succès”.

“L’artillerie haute précision au sol, les drones turcs ajoutés à une meilleure coordination se révèlent redoutables” et “font défaut à la coalition de Haftar soutenue par les Emirats arabes unis”, a ajouté M. Harchaoui.

Les forces du GNA semblent en effet avoir pris le dessus au niveau aérien notamment, les drones turcs prenant pour cible systématiquement les lignes d’approvisionnement des pro-Haftar.

Le conflit a fait jusqu’ici des centaines de morts et plus de 200.000 déplacés.

Les tentatives de médiation entreprises jusqu’ici par l’ONU ont échoué et l‘émissaire pour la Libye, Ghassan Salamé, a démissionné début mars.

La situation humanitaire s’aggrave alors que le pays doit lutter contre la pandémie du nouveau coronavirus. La Libye a confirmé 24 cas de contamination, dont un décès.

Plus de deux millions de Libyens subissent par ailleurs depuis une semaine d’importantes coupures d’eau et d‘électricité dans Tripoli et ses alentours, l’ONU accusant samedi des groupes armés et dénonçant une “arme de guerre”.

AFP

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