Nigéria
Le Nigeria se remémore tristement le 10e anniversaire de l’insurrection de la secte islamique Boko Haram, qui a fait du géant de l’Afrique de l’Ouest l’une des places tournantes de l’islam radical sur le continent. En dix années de rébellion, Boko Haram a profondément modifié le système sécuritaire du Nigeria. Petite chronologie – sans doute loin d‘être exhaustive – des faits marquants qui ont rythmé le mouvement radical.
26 juillet 2009 : assassinat de Mohamed Yusuf, chef du groupe radical
Pour beaucoup d’analystes, l’exécution de Mohamed Yusuf a été un tournant décisif dans l’expansion du mouvement djihadiste. Fondateur et chef spirituel de Boko Haram, ce diplômé de l’université islamique de Médine, parvient à séduire par ses prêches rigoristes lajeunesse de Maiduguri (Nord-Est) dont il est issu. Mais aussi, une partie de l‘élite. Seulement ses prêches sur les effets néfastes de la corruption dans le pays, le délaissement de sa ville natal par l’Etat central, puis sur un islam radical qui plaide l’instauration de la charia titillent les autorités nigérianes.
Des 2003 plusieurs heurts opposent Boko Haram aux forces de sécurité, jusqu‘à la date fatidique du 26 juillet 2009. 700 personnes sont tuées par la police dans des affrontements contre Boko Haram. Capturé, Mohamed Yusuf est exécuté sans jugement. Débute alors une longue spirale de violences dans le nord-est du Nigeria, et dans sa ville martyre, Maiduguri.
Juillet 2010 : Abubakar Shekau prend les rênes
Il s’est auto-proclamé chef du groupe en juillet 2010. Cet ancien bras droit de Yusuf a signé les années les plus sanglantes de Boko Haram, passé du statut de secte islamique à groupe armé. Plusieurs fois annoncé pour mort, il reste toutefois une figure du mouvement radical.
Avril 2014 : enlèvement des filles de Chibok
L’enlèvement de 270 lycéennes à Chibok, dans l’Etat du Borno, dans le nord-est, a accordé une attention mondiale à Boko Haram qui a revendiqué le rapt. Il aura fallu attendre deux ans, en 2016, pour retrouver deux des filles enlevées. Quant aux autres, Boko Haram réclame la libération de ses combattants emprisonnés au risque de faire des lycéennes des « esclaves ».
Mars 2015 : allégeance Daech
Le 7 mars 2015, dans une vidéo de huit minutes postée sur le compte Twitter de Boko Haram, Abubakar Shekau prête allégeance à l’Etat islamique, alors en pleine conquête de l’Irak et de la Syrie. Objectif espéré des extrémistes nigérians, obtenir de l’aide militaire et financière afin de poursuivre l’offensive au Nigeria.
Mai 2015 : arrivée de Buhari et nouvelle vision
Tombeur de Goodluck Jonathan, Muhammadu Buhari est investi le 29 mai 2015. Cet ancien général de l’armée nigériane promet alors d‘éliminer au plus vite la secte islamique. Mais de la parole à l’acte, se dresse la résistance du groupe qui multiplie les assauts au Nigeria, mais aussi au Cameroun et au Tchad voisins.
Juillet 2015 : efforts transnationaux
La Force multinationale mixte voit le jour dans la foulée d’un sommet au Nigeria début juin 2015. Forte de 8 700 militaires et policiers issus des armées du Bénin, du Tchad, du Cameroun, du Niger et du Nigeria, la task force a permis de contenir l’avancée des militants.
Août 2016 : différend avec Daech
Entre Abubakar Shekau et l’Etat islamique, c’est désormais le froid. Dans une tribune rendue publique le 2 août 2016, le groupe radical révèle avoir nommé un nouveau dirigeant à la tête de Boko Haram, en la personne d’Abou Musab Al-Barnawi, fils du fondateur de la secte. Daech accuse notamment Shekau d‘être trop extrémiste et de persécuter des milliers de musulmans. Une scission qui présente certes des avantages pour les autorités sécuritaires mais aussi beaucoup d’obstacles alors qu’elles doivent désormais mener combat sur deux fronts.
Octobre 2016 : Abuja obtient la libération de certaines filles de Chibok
Elles sont au total 21 à avoir obtenu la libération. Certaines avec les enfants qu’elles ont eu en captivité avec des combattants. Si minime qu’elle soit, cette opération est une lueur d’espoir pour les parents qui attendaient depuis deux ans. Reste toutefois quelque 200 filles entre les mains du groupe. Toutefois, une polémique est née autour de l’opération, le gouvernement étant accusé d’avoir cédé au chantage de Boko Haram qui réclamait en échange la libération de ses combattants. Une version qu’a toujours niée le gouvernement.
Décembre 2016 : libération forêt de Sambisa
Au 26 décembre 2016, l’armée nigériane annonce la nouvelle : la forêt de Sambisa, cœur de base de Boko Haram est libérée des insurgés. C’est le dénouement d’une bataille qui aura duré plus d’un an. Une opération d’envergure qui a vu la libération de 1 900 prisonniers et l’arrestation de centaines de combattants Boko Haram. Une avancée certes, mais qui est loin d’avoir signé la fin du groupe.
Milliers de morts et crise humanitaire
En dix ans d’insurrection, Boko Haram a étendu ses tentacules dans le bassin du Lac Tchad – notamment au Cameroun, au Niger et au Tchad – et laissé dans son sillage au moins 27 000 morts ainsi que quelque deux millions de déplacés et réfugiés. Dans le nord-est du Nigeria ou encore l’Extrême-Nord du Cameroun, les dégâts humanitaires sont considérables.
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