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Maroc : polémique autour d'une lettre attribuée à Zefzafi

Maroc : polémique autour d'une lettre attribuée à Zefzafi

Maroc

Une lettre attribuée à Nasser Zefzafi, leader de la contestation populaire dans le nord du Maroc, emprisonné depuis fin mai, suscitait la polémique jeudi dans le pays.

Dans ce courrier manuscrit de cinq pages en arabe adressé à ses partisans, et largement relayé par la presse marocaine, Zefzafi appelle à garder le caractère “pacifique” des protestations qui secouent depuis huit mois la région du Rif.

“Je vous envoie cette lettre depuis une petite cellule qui emprisonne le corps, mais ne peut emprisonner mon âme et ma détermination, (…) ni le serment que j’ai fait devant vous de ne pas trahir notre cause”, écrit-il.

“Celui qui lance une seule pierre est un traître”, assure-t-il, appelant à “ne pas tomber dans le piège des provocateurs ou des opportunistes”.

“Nos demandes étaient simplement économiques et sociales. (…) Nous sommes innocents de toutes les accusations portées contre nous”, déclare Zefzafi, qui réfute les accusations de “séparatisme” et se dit victime de “pures machinations.

Il dénonce une nouvelle fois “élus locaux et politiciens corrompus qui ont fait de “fausses promesses sur des projets de développement illusoires” de la région, et “ont même menti au roi” à ce sujet.

La contestation “aspirait à montrer la face ignominieuse de la corruption et de ses lobbys devant le peuple et le roi (…)”, ajoute-t-il.

Un avocat de Zefzafi, Me Mohamed Ziane, a expliqué à la presse avoir reçu le document “des mains” de son client. “C’est moi qui ai donné à Zefzafi de quoi l‘écrire”, et “j’ai aussi transmis sa lettre au juge d’instruction”, a-t-il expliqué, interrogé par l’AFP.

Un militant connu du mouvement, El Mortada Iamrachen a déclaré sur sa page Facebook que la lettre avait été “authentifiée par le père de Zefzafi”.

Dans une “mise au point”, l’administration pénitentiaire (DGAPR) a néanmoins contesté son authenticité, affirmant que Zefzafi a “démenti catégoriquement dans une déclaration écrite toutes les allégations de l’avocat”.

La DGAPR va demander à la justice l’ouverture d’une enquête “pour vérifier la source effective de ces documents”, et interdira désormais à Me Ziane, accusé de vouloir “semer la zizanie”, “d’entrer en contact avec les pensionnaires de l‘établissement”.

Le nord du Maroc est le théâtre d’un mouvement de contestation populaire (baptisée localement le “hirak”, la mouvance) revendiquant le développement du Rif.

Ses principaux meneurs, dont Zefzafi, ont été arrêtés fin mai, accusés pour certains de lourdes charges.

Des manifestations quasi-quotidiennes dans la ville d’Al-Hoceïma et la localité voisine d’Imzouren ont suivi, avec des heurts fréquents avec la police, et de violents affrontements le 26 juin, alors que les protestataires réclament désormais en priorité la “libération des détenus”.

Les manifestations ont cessé depuis une semaine, et les forces de l’ordre se sont retirées de plusieurs lieux publics emblématiques, un retrait opéré sur instruction du roi et vu comme un premier signe d’apaisement.

176 personnes ont été placées en détention préventive, selon le dernier bilan donné jeudi par les autorités: l’instruction est en cours pour 56 d’entre elles, 120 sont en cours de jugement, avec des condamnations allant jusqu‘à 18 mois de prison. Une soixantaine sont poursuivies en liberté provisoire.

Le procès de Zefzafi, emprisonné à Casablanca, est prévu le 10 juillet dans cette même ville.

AFP

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