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Présidentielle au Cameroun : scrutin décisif dans un climat économique incertain
À Yaoundé, l’incertitude liée au scrutin présidentiel pèse déjà sur l’économie. De nombreux Camerounais limitent leurs dépenses, craignant des tensions post-électorales. Cabrel Wilson, jeune commerçant, confie : « Mes ventes ont diminuées, parce que la majorité de mes clients ont peur qu’il se passe quelque chose et préfèrent garder leur argent pour se nourrir ou se soigner. »
Le pays, dirigé par Paul Biya depuis 1982, traverse une crise économique profonde. Industries, distribution et petites entreprises sont paralysées, et même les chauffeurs de taxi subissent directement les effets de cette paralysie. Pierre Chak témoigne : « Tout est bloqué, rien ne marche, c'est pire qu'avant. Tout ce qu'on attend, c'est que Dieu sauve le Cameroun. »
Pour Eugène Nyambal, économiste et consultant, ce scrutin met en lumière le bilan économique du Cameroun sous Paul Biya : « Le bilan est négatif et notre jeunesse nous adresse un message clair. Beaucoup de jeunes bien formés veulent quitter le Cameroun. Les politiques mises en œuvre ces dernières années ne permettront pas de relancer la machine économique et sociale. »
Selon Nyambal, plusieurs mesures sont nécessaires pour inverser la tendance : « Il faut envoyer un message d'espoir aux Camerounais, restaurer la méritocratie, prendre des mesures d'urgence contre la vie chère et rénover les infrastructures. Il faut réallouer les ressources et soutenir le secteur privé pour diversifier l'économie et relancer le rôle du Cameroun dans la sous-région. »
La présidentielle d’octobre marque un tournant pour le pays : le principal défi de la prochaine administration sera de créer des emplois pour une jeunesse qui représente plus de 60 % de la population, dont plus de 35 % restent sans emploi, afin d’éviter que la crise économique ne s’aggrave. Le vainqueur du scrutin n’a pas encore été annoncé, maintenant l’attente et l’incertitude.
Madagascar : manifestations et crise politique pèsent sur l’économie
À Madagascar, la crise politique en cours accentue une situation économique déjà critique. Tandis que le colonel Michael Randrianirina affirme avoir pris le contrôle de l’armée pour « sauver un pays qui se meurt », l’incertitude institutionnelle, entre l’éventualité d’une élection sous soixante jours et la rumeur d’une transition militaire de deux ans, paralyse l’activité économique.
Sur le terrain, les effets sont immédiats, comme le rapporte Volana Razafimanantsoa, journaliste depuis Antananarivo pour Business Africa : « Des dizaines de magasins ont été pillés, une libraire évoque plus de 80 000 euros de pertes, et même les commerces restés ouverts constatent une chute massive de leur clientèle. Le tourisme est lui aussi à l’arrêt, les vols et les réservations étant annulés. »
Dans un pays où plus de 75 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et où 80 % de l’économie repose sur l’informel, chaque journée de blocage fragilise davantage les revenus des ménages. Sans stabilisation politique rapide, Madagascar risque de passer d’une contestation politique à une véritable asphyxie économique.
Afrique du Sud : l’UE investit 11,5 milliards pour la transition énergétique
L’Afrique du Sud opère un tournant stratégique dans ses alliances économiques. Alors que les tensions commerciales se renforcent avec les États-Unis, l’Union européenne a annoncé un investissement de 11,5 milliards d’euros pour soutenir la transition énergétique, moderniser les infrastructures et renforcer le secteur de la santé dans la première puissance industrielle du continent.
Cet appui vise à accompagner la réduction progressive de la dépendance au charbon, qui fournit encore près de 85 % de l’électricité du pays. Le programme prévoit la création de capacités de production renouvelable, la mise à niveau du réseau électrique et le développement des solutions de stockage d’énergie. Pour Bruxelles, Pretoria devient un partenaire clé dans la transition verte africaine.
Ce rapprochement intervient alors que Washington a imposé des droits de douane de 30 % sur les exportations sud-africaines, une décision qui pourrait menacer jusqu’à 100 000 emplois dans l’industrie automobile. La fin de l’accès préférentiel au marché américain via l’AGOA pousse l’Afrique du Sud à réorienter ses alliances commerciales.
« L’Afrique du Sud ne se contente pas de se transformer, elle devient un pionnier des énergies propres pour l’ensemble du continent », a déclaré Ursula von der Leyen, affirmant que cette coopération culminera lors du G20 à Johannesburg.
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