Mali : à Bamako, des ânes mis à contribution pour collecter des déchets

Bamako, la capitale du Mali, abrite plus de 5 millions d'habitants, ce qui rend la gestion des déchets de plus en plus problématique.

La gestion des déchets devient un défi croissant dans cette agglomération. Face à l'urgence de la situation, une solution atypique et locale a été adoptée : l'utilisation des ânes pour contribuer à la collecte des ordures. Ces animaux, ancrés dans la culture malienne, jouent ainsi un rôle essentiel dans le maintien de la propreté urbaine.

Yacouba Diallo, éboueur, aimerait que la situation évolue : "Il faudrait que je fasse ce travail avec un camion, mais je n'ai pas les moyens d'en acheter un, alors j'utilise les ânes et la charrette. Je demande aux responsables des déchets de faire enlever les ordures de la décharge publique pour que je puisse faire mon travail correctement. La décharge est devenue une montagne d'ordures."

Mamadou Sidibé occupe une position clé en tant que responsable de la décharge de Badalabougou. Avec minutie, il consigne dans un carnet les passages des différents collecteurs qui viennent déposer leurs chargements sur le site.

"Nous sommes les gestionnaires de cette décharge", explique-t-il. "Nous gérons la comptabilité à la fin de chaque mois, c'est notre travail. Comme vous le voyez, les charrettes d'ânes viennent ici, et nous notons leurs noms. Les ânes représentent un avantage considérable dans ce domaine. Les charrettes d'ânes nous permettent de travailler car une voiture ne peut même pas accéder à cet endroit », a précisé Mamadou Sidibé.

Comme de nombreuses capitales africaines, Bamako a connu une croissance si rapide que les infrastructures n'ont pas pu suivre le rythme de l'exode rural. Les services publics de gestion des déchets sont inexistants.

D’après l'expert Bamadou Sidibé, les autorités maliennes doivent agir au plus vite : "L'État doit construire les infrastructures, et parmi ces infrastructures, il y a la construction de décharges qui doivent recevoir tous les déchets de la ville de Bamako. Or, depuis l'indépendance jusqu'à aujourd'hui, Bamako ne dispose pas de décharges opérationnelles répondant aux normes", déplore le spécialiste de la gestion des déchets et ancien employé municipal.

Malgré l'utilité des ânes pour la collecte des déchets, ceux-ci continuent de s'accumuler, sans être correctement retirés. Bamako est envahie par des décharges sauvages. Les mairies d'arrondissement, pour leur part, ne disposent ni de bennes, ni d'entreprises mandatées pour la gestion des déchets.