Israël
Avant le 7 octobre, elles grouillaient de monde. Mais les rues de la Vieille ville de Jérusalem sont désormais vides, la guerre entre Israël et le Hamas ayant interrompu le flot de touristes et mis les commerçants à rude épreuve.
Dans le dédale des ruelles amenant aux bazars qui entourent les lieux saints juifs, chrétiens et musulmans, points d'attraction des pèlerins et touristes depuis des siècles, la plupart des boutiques sont fermées et cadenassées.
Les rares marchands palestiniens encore assez courageux pour ouvrir leur boutique attendent, jour après jour, le retour hypothétique des touristes dans la Ville sainte, dont la partie orientale est occupée depuis la guerre de 1967 et a été annexée par Israël.
"Il n'y a plus d'industrie touristique", constate auprès de l'AFP Marwan Attieh, guide et propriétaire d'une échoppe de souvenirs, pour qui la crise actuelle dépasse la précédente, provoquée par la pandémie de Covid-19.
"Nous avons des familles, des enfants, (et il n'y a) plus d'affaires, plus de revenus, plus de vie. Comment dépenser de l'argent quand on n'en a pas?", se demande l'homme âgé de 48 ans, dont le père et le grand-père étaient également guides.
Le secteur florissant du tourisme israélien et du tourisme religieux s'est quasiment effondré depuis le 7 octobre, date de l'attaque sanglante lancée sur Israël par le Hamas.
Depuis cette date, selon les autorités, au moins 1.400 personnes sont mortes côté israélien, en majorité des civils le jour de l'attaque du mouvement islamiste palestinien.
La réplique militaire d'Israël sur la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, a fait plus de 9.000 morts, dont 3.760 enfants, selon le dernier bilan du Hamas jeudi.
"Un peu bizarre"
L'église du Saint-Sépulcre, où Jésus a été crucifié et enterré selon la tradition chrétienne, était en grande partie déserte jeudi, à l'exception de quelques prêtres parcourant ses salles caverneuses.
"Avant, cet endroit était vraiment vivant, rempli de pratiquants en train de prier, de partager leurs soucis avec Dieu", dit Pietro Mazzocco, un séminariste italien de 31 ans installé à Jérusalem.
"Maintenant, c'est complètement vide, comme vous pouvez le voir ici. Il n'y a personne".
Si de nombreux vols pour Israël et les voyages organisés ont été annulés, on peut tout de même croiser quelques visiteurs dans la Vieille ville silencieuse.
Rachid, un touriste français âgé de 24 ans, est arrivé en début de semaine via la Jordanie. Il n'a pas voulu renoncer à son voyage, disant vouloir observer la situation actuelle de ses propres yeux.
"C'est un peu étrange, ces rues sans passants", dit le jeune homme, déjà contrôlé plusieurs fois par la police locale depuis son arrivée.
Si la Vieille ville de Jérusalem a été épargnée par les attaques et est restée notablement calme par rapport à de précédents épisodes de tension, "les gens ont peur des deux côtés", estime-t-il, compréhensif. "Ils ne savent pas qui je suis ou d'où je viens."
"Ils frappent tout le monde"
Hors des quartiers touristiques, la vie quotidienne subit aussi les conséquences de la guerre.
A la mosquée Al-Aqsa, l'affluence des fidèles le vendredi est à la baisse, alors que les points de contrôle et les patrouilles à Jérusalem-Est, dont fait partie la Vieille ville, ont été renforcés.
De nombreux habitants disent craindre de sortir de chez eux, accusant les forces de sécurité israéliennes de harcèlement et de violences physiques.
En Cisjordanie occupée, le bilan s'élève désormais à plus de 140 Palestiniens tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé.
Mercredi, une grève générale, décrétée en solidarité avec les habitants de Gaza assiégée, a incité les commerçants de Cisjordanie et de Jérusalem-Est à baisser le rideau.
Jeudi, beaucoup de commerçants de la Vieille ville ont refusé de témoigner pour l'AFP, disant craindre pour leur sécurité.
"C'est une période dangereuse", résume Emad Sideyyi, l'un d'entre eux, qui accuse les soldats israéliens de "frapper tout le monde".
Leur désespoir ne semble que pouvoir s'aggraver, avec le refus du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d'envisager un cessez-le-feu.
"Nous voulons la paix pour tous", dit Emad Sideyyi. "Nous ne voulons pas nous entretuer comme des animaux. On a besoin de vivre."
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