Soudan
Le principal organe de lutte contre les violations des droits humains de l'ONU a adopté jeudi de justesse une résolution renforçant le suivi et la documentation des exactions au Soudan, en dépit de l'opposition véhémente de Khartoum.
Les pays arabes mais également la Chine avaient appelé à voter contre la résolution, estimant qu'il en allait de la souveraineté du Soudan, tandis que les pays africains avaient aussi valoir la nécessité de trouver des "solutions africaines aux problèmes africains".
Malgré ces vives oppositions, la résolution a été adoptée par 18 voix pour, dont celle de la France, 15 voix contre, et 14 abstentions, à l'issue d'une réunion d'urgence du Conseil des droits de l'homme à Genève convoquée à la demande conjointe du Royaume-Uni, de la Norvège, des Etats-Unis et de l'Allemagne.
Plusieurs pays occidentaux ont relevé pendant les débats la nécessité de commencer à documenter les violations des droits humains sans attendre la résolution du conflit.
Le texte ne crée toutefois pas de mécanisme spécifique d'enquête mais prévoit un suivi renforcé de la situation et une documentation des exactions par les Nations unies.
Il demande ainsi à l'expert indépendant sur le Soudan de documenter "toutes les allégations de violations des droits de l'homme et d'abus depuis le 25 octobre 2021, y compris celles découlant directement du conflit actuel". Il devra rendre ces prochains mois un rapport, tout comme le Haut-Commissariat aux droits de l'homme.
La résolution demande par ailleurs "une cessation immédiate de la violence par toutes les parties, sans conditions préalables".
"C'est un jour important pour le Conseil des droits de l'homme, qui montre qu'il soutient la paix, les droits humains et le droit international, et c'est un vote pour la paix", a réagi l'ambassadeur britannique Simon Manley.
"Responsabilité"
Peu avant le vote, l'ambassadeur français auprès de l'ONU à Genève, Jérôme Bonnafont, avait prévenu les pays que "si ce Conseil restait silencieux alors que les combats se poursuivent (…) s'il n'agissait pas, il n'assumerait pas sa responsabilité".
Les affrontements qui ont éclaté le 15 avril entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo ont fait plus de 750 morts et 5.000 blessés, selon des ONG et les autorités. L'Unicef a alerté sur le nombre "effroyablement" élevé d'enfants victimes de la guerre au Soudan.
Ces combats meurtriers ont plongé le pays "dans la catastrophe", a déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, à l'ouverture de la réunion.
"Je saisis cette occasion pour exhorter tous les États ayant une influence dans la région à encourager, par tous les moyens possibles, la résolution de cette crise", leur a-t-il demandé dans un message vidéo.
M. Türk a condamné "fermement cette violence injustifiée" et accusé les deux parties d'avoir "bafoué le droit humanitaire international, notamment les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution".
Son bureau a reçu plusieurs rapports faisant état de violences sexuelles commises par des hommes en uniforme, ainsi que d'"allégations d'exécutions illégales et de disparitions forcées".
Selon l'ONU, environ 900.000 personnes ont quitté leur maison vers des zones épargnées par les combats: 177.000 sont réfugiées dans les pays voisins, tandis que le nombre de déplacés à l'intérieur du Soudan dépassait mardi les 700.000.
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