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Maroc : à la recherche du patrimoine juif dans les oasis du sud

Des archéologues fouillent les ruines d'une synagogue dans le quartier juif, ou mellah, du village de Tagadirt, dans la région oasienne de Tata, au Maroc, le 28 février 2023.   -  
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Maroc

Dans les profondeurs de l'oasis d'Akka, au Maroc, deux archéologues fouillent le sol d'une synagogue à la recherche des moindres fragments témoignant de l'histoire juive du pays.

Datant de l'Antiquité, la communauté juive du Maroc a atteint son apogée au XVe siècle, à la suite de l'expulsion brutale des Juifs séfarades d'Espagne.

Au début du XXe siècle, le Maroc comptait environ 250 000 Juifs. Mais après des vagues de départs lors de la création d'Israël en 1948, notamment à la suite de la guerre israélo-arabe de 1967, leur nombre a été réduit à seulement 2 000 aujourd'hui.

Il reste peu de documents sur le riche héritage que la communauté a laissé derrière elle.

Selon Saghir Mabrouk, archéologue marocain, cette entreprise est unique en son genre.

"C’est une première. La première fouille archéologique du patrimoine judéo-marocain, c’est la première fois que l'Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine (INSAP) entame une fouille dans le domaine de l’archéologie juive, judéo-marocaine," réagit Saghir Mabrouk, archéologue à l'Institut national de l'archéologie et du patrimoine culturel du Maroc.

Saghir Mabrouk fait partie d’une coalition de six chercheurs du Maroc, d'Israël et de la France, dans le cadre d'un projet visant à faire revivre le patrimoine juif du pays d'Afrique du Nord.

L'équipe a pu retrouver une majorité d’objets dont des fragments de manuscrits et d'amulettes.

"Nous avons fouillé la synagogue d'Akka, nous avons trouvé des traces de plusieurs phases à l'intérieur. Elle a été rénovée à plusieurs reprises et avant que les gens ne partent d'ici, pendant la grande émigration des années 1960 si nous comprenons bien, ils ont enterré à l'intérieur de la synagogue le livre saint et d'autres choses, ce que nous appelons en hébreu "genizah" (zone de stockage dans une synagogue juive). Ils l'ont donc mis dans la synagogue et l'ont protégé très soigneusement," explique Yuval Yekutieli, archéologue israélien de l’Université Ben-Gourion du Néguev.

Bien que le site archéologique n'ait pas encore été daté, les experts affirment qu'il est essentiel pour comprendre l'histoire judéo-marocaine de la région, pour la garder vivante et la transmettre.

"Et ça c’est très précieux, car c’est une mémoire encore vivante. Pour nous, ce qui est important ici, c’est de garder cette mémoire vivante, de faire le lien avec les gens qui ensuite seront les acteurs de ce territoire, puisque c'est eux qui accueilleront les touristes qui viendront, ou les gens qui ont leurs familles ici, ou les gens qui cherchent à comprendre aussi comment vivaient ces communautés," atteste Salima Naji, architecte responsable de la restauration de la synagogue d'Akka.

Akka, une vallée verdoyante de palmiers dattiers entourée de collines désertiques à quelque 525 kilomètres au sud de la capitale Rabat, était autrefois un carrefour pour le commerce transsaharien.

Dans l'oasis, au milieu du "mellah" ou quartier juif du village de Tagadirt, se trouvent les ruines de la synagogue, construite en terre selon la tradition architecturale de la région.

Bien que le site n'ait pas encore été daté, les experts affirment qu'il est essentiel pour comprendre l'histoire judéo-marocaine de la région.

Les efforts déployés pour découvrir ces trésors historiques juifs sont l'un des résultats du renforcement des liens depuis la normalisation des relations entre le Maroc et Israël en 2020.

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