Afrique du Sud
Le juge dans le procès pour corruption de l'ex-président sud-africain Jacob Zuma a annoncé lundi lors d'une audience se récuser, risquant de faire repartir l'affaire depuis le début devant les tribunaux.
"J'en suis arrivé à la conclusion que je dois me récuser du procès. C'est ce que dicte la bonne administration de la justice, la Constitution et ma conscience", a déclaré le juge Piet Koen au tribunal de Pietermaritzburg (sud-est) lors d'une audience retransmise à la télévision.
Jacob Zuma, 80 ans, est accusé d'avoir touché des pots-de-vin du groupe français de défense Thales dans une affaire vieille de plus de 20 ans. Il est poursuivi pour 16 chefs d'accusation d'escroquerie, corruption et racket. Thales est aussi inculpé pour corruption et blanchiment d'argent.
L'ancien chef d'Etat n'était pas présent à cette audience technique. Depuis des mois, M. Zuma multiplie les recours pour faire récuser le procureur général au procès, Billy Downer, qu'il accuse de partialité. L'an dernier, le juge Koen a rejeté cette demande.
Ce dernier craint désormais que cette décision puisse amener à remettre en question sa propre impartialité "lorsque la question de savoir si M. Zuma a bénéficié d'un procès constitutionnellement équitable se posera", a-t-il expliqué.
"Si le juge Koen ne continue pas le procès, un nouveau juge devra" siéger, a expliqué à l'AFP Cathy Powell, constitutionnaliste à l'Université du Cap. Le procès devra alors "reprendre du début", craint la juriste.
Le procès pour corruption de M. Zuma avait débuté en mai 2021 avec déjà de nombreux reports et retards notamment liés à une multiplication des recours lancés par l'accusé.
Un rapport historique sur la corruption rampante pendant les neuf années de présidence de Jacob Zuma (2009-2018), remis l'an dernier au président Cyril Ramaphosa, a mis en lumière le rôle central de l'ex-chef d'Etat dans le pillage systématique des caisses publiques.
Jacob Zuma, qui a obstinément refusé de témoigner devant une commission d'enquête ad hoc, avait été condamné à 15 mois de prison pour outrage à la justice. Son incarcération en juillet 2021 avait déclenché une vague sans précédent de violences et pillages en Afrique du Sud dans un contexte socio-économique dégradé.
Il a été mis en liberté conditionnelle au bout de deux mois pour raison médicale. La prochaine audience dans son procès a été fixée au 17 avril.
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