Afrique du Sud
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa reste favori pour se maintenir à la tête de l'ANC, parti historique au pouvoir, réuni en congrès près de Johannesburg pour choisir samedi son prochain leader et probable futur chef d'Etat.
Quelque 4.500 délégués du Congrès national africain (ANC) sont arrivés vendredi des quatre coins du pays pour cinq jours d'intenses débats, dans une ambiance de grand messe aux couleurs du parti.
"Il y a des retards mais le vote reste prévu demain (samedi) matin. Il faudra quatre à cinq heures pour connaître les résultats", a avancé le porte-parole Amos Phago en marge d'un point-presse. L'ANC prendra le temps qu'il faut, assure un autre porte-parole, Pule Mabe.
Une fois passée l'entrée du centre de conférence, avec ses immenses drapeaux et son détecteur de métaux, tout se décline en jaune-vert-noir, des sièges aux tenues des délégués. Une centaine de journalistes couvrent l'événement très attendu dans le pays.
Cyril Ramaphosa, 70 ans, devait prendre la parole dans l'après-midi pour présenter un "rapport politique". Il est en bonne voie pour conserver la présidence du parti et décrocher un second mandat, si l'ANC remporte les élections générales de 2024. Son seul rival à ce stade, loin derrière, est son ancien ministre de la Santé, Zweli Mkhize, 66 ans, écarté après un scandale de corruption.
Le chef d'Etat aborde cette échéance cruciale tout juste après avoir échappé à une procédure de destitution, qui a paradoxalement resserré les rangs autour de lui.
M. Ramaphosa est accusé d'avoir tenté de dissimuler le vol en 2020 de liasses de dollars cachées dans un canapé dans sa propriété rurale de Phala Phala. L'enquête de police se poursuit, il n'est pas inculpé à ce stade.
A défaut d'alternative crédible au sein de l'ANC, le parti majoritaire au Parlement l'a soutenu, écartant mardi la possibilité d'un vote sur un départ forcé du chef d'Etat.
Certaines voix se sont élevées contre "la ligne" imposée, mais le mot d'ordre est clair: jouer la carte Ramaphosa. Et les membres de l'ANC qui s'y opposent sont menacés de sanctions.
"Turbulences"
Contrecarrer une procédure de destitution a "probablement renforcé sa candidature à une réélection", éliminant toute "incertitude" sur le choix à faire, estime auprès de l'AFP l'analyste politique Susan Booysen.
En baisse dans les urnes depuis 10 ans, l'ANC est passé pour la première fois sous les 50% lors d'élections locales l'an dernier. Le parti, au pouvoir depuis la fin de l'apartheid, est ainsi hanté par la peur d'une défaite aux élections générales de 2024.
Très populaire en dépit du scandale et d'un premier mandat au cours duquel il n'a pas réussi à endiguer un chômage endémique, des inégalités criantes, ni résoudre une grave crise de l'électricité occasionnant des pannes chroniques, Cyril Ramaphosa semble être le meilleur atout du parti.
Ses dernières apparitions publiques ont tourné au joyeux bain de foule.
Tumi Mogotla, 37 ans, qui vend objets siglés ANC devant le congrès, espère qu'il sera désigné pour un second mandat. En dépit du scandale de Phala Phala, il continue à penser que "Ramaphosa est la personne la mieux placée pour éradiquer la corruption".
Jeudi soir, lors d'une levée de fonds de l'ANC, M. Ramaphosa a jugé le moment "décisif" pour le pays. Enumérant les contretemps - pandémie de Covid, émeutes en juillet 2021 qui ont fait plus de 350 morts, inflation liée à la guerre en Ukraine -, il a estimé que "de la même façon, l'ANC a connu ses propres défis, certains diraient même des turbulences".
"L'ANC a besoin de Ramaphosa. Il va gagner", avance l'analyste politique Ralph Mathekga. "Même ceux qui le détestent ont besoin qu'il gagne", ajoute-t-il, en allusion aux divisions internes qui déchirent le parti.
Et avec une opposition qui peine à se structurer, la voie semble ouverte à M. Ramaphosa pour conserver le pouvoir.
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