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Égyptologie : les Égyptiens absents des récits historiques

Photo d'archive prise le 8 février 1967 : des membres du musée du Petit Palais à Paris, révèlent le masque funéraire de l'ancien pharaon égyptien Toutankhamon   -  
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HERVE LERCH/AFP or licensors

Egypte

Alors que le monde célèbre le centenaire de la découverte de l’enfant-pharaon Toutankhamon, des voix s’élèvent en Egypte pour mettre en lumière la contribution des Égyptiens dans ces explorations.

Regrettant l’absence des petites mains égyptiennes des récits de révélation des secrets des pharaons, les Egyptiens désirent se réapproprier leur histoire.

L’égyptologie née à l’époque coloniale ayant créé des inégalités structurelles souligne la Britannique Christina Riggs, égyptologue à l'université de Durham.

"Ceux qui ont documenté l'ancienne civilisation égyptienne sont des étrangers, donc nous devons comprendre que leurs écrits ont eu lieu à l'époque du colonialisme et du racisme, c'est pourquoi il y a une sorte de soi-disant blanchiment en créant un récit historique blanc." a expliquéHeba Abdel Gawad, égyptologue.

Au cours des siècles, un nombre important d'antiquités est sortie d'Egypte.

"Malheureusement, jusqu'à aujourd'hui, non seulement les antiquités volées se trouvent dans les musées européens, mais aussi, la production de connaissances sur l'Égypte ancienne est toujours limitée aux cercles académiques occidentaux." a dit Monica Hanna, doyenne par intérim du Collège d'archéologie et du patrimoine culturel à Assouan.

La pierre de Rosette est conservée au British Museum depuis 1802, "remise aux Britanniques comme cadeau diplomatique", a indiqué le musée à l'AFP.

Le buste de Néfertiti, vieux de 3 340 ans, a rejoint le Neues Museum de Berlin un siècle plus tard grâce au système de partage de l’époque coloniale. Le Français Sébastien Louis Saulnier, quant à lui, a fait disparaître le Zodiaque de Dendera du temple d'Hathor à Qena en 1820.

La carte céleste est à présent suspendue à un plafond du Louvre à Paris depuis 1922, un moulage en plâtre ayant été laissé à sa place dans le temple du sud de l'Égypte.

L’ancien ministre Hawass veut d’ailleurs lancer en octobre une pétition pour la restitution de la pierre de Rosette, du buste de Nefertiti et du zodiaque de Dendérah, trois pièces sujettes à controverses depuis des décennies.

"J'insiste pour que la pierre de Rosette, le buste de la reine Néfertiti et le Zodiaque qui est exposé au Louvre soient ramenés en Égypte. Ce sont des objets uniques, leur foyer devrait être en Égypte, et non en Allemagne, en Angleterre ou en France." a déclaré Zahi Hawass, archéologue et ancien ministre égyptien des Antiquités.

En 1922, l’archéologue britannique Howard Carter inspecte le sarcophage de Toutankhamon accompagné d’un membre égyptien de son équipe, sans nom, accroupi dans l’ombre. Immortalisée par une photo emblématique de l’époque, cette scène illustre selon les experts, deux siècles d’égyptologie où les récits de brillants explorateurs étrangers découvrant les secrets des pharaons et dans lesquels les Égyptiens sont inexistants, se multiplient.

Selon l’archéologue égyptienne de renom, Monica Hanna, "les Égyptiens ont été exclus du récit historique".

"Bien sûr, il y a une certaine injustice envers les travailleurs égyptiens qui font la plus grande partie du travail. Aucun étranger ne travaille de ses propres mains. Toutes les missions dépendent des Égyptiens." s'est confiéAbdel Hamid Daramalli, excavateur en chef des tombes de Qurna près de Louxor. 

L'"Égyptien sans nom" sur la célèbre photo de Carter est "peut-être Hussein Abu Awad ou Hussein Ahmed Said", selon la Britannique Christina Riggs, égyptologue à l'université de Durham. Ces deux hommes ont été deux des piliers de l'équipe de fouilles de Carter pendant neuf saisons. Mais contrairement aux membres étrangers de l'équipe, les experts ne peuvent pas mettre de noms sur les visages figurant sur les photos.

Le monde célèbre également cette année le 200e anniversaire du déchiffrage de la pierre de Rosette par le Français Jean-François Champollion en 1822, qui a permis de découvrir les anciens hiéroglyphes.

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