Kenya
William Ruto a promis mardi de "travailler avec tous les Kényans", lors de son investiture en tant que président, au terme d'une élection serrée, controversée mais pacifique qui a "démontré la maturité" de la démocratie dans ce pays d'Afrique de l'Est.
Une main posée sur la Constitution, l'autre tenant une bible, le nouveau chef de l'Etat, âgé de 55 ans, a prêté serment au stade Kasarani de Nairobi, devant 60.000 personnes dont une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement (Ethiopie, Ouganda, Somalie, Tanzanie, RDC, Rwanda, Congo...).
"Je travaillerai avec tous les Kényans, peu importe pour qui ils ont voté", a-t-il déclaré dans son premier discours en tant que président, louant "un moment capital" pour le pays.
"Dans ce processus, nous avons démontré la maturité de notre démocratie, la robustesse de nos institutions et la résilience du peuple kényan", a estimé William Ruto, acclamé par un vacarme de cris de joie et de vuvuzelas de ses partisans arborant vêtements et casques jaunes, la couleur de son parti.
Le vice-président sortant, issu d'une famille modeste de la vallée du Rift (ouest) et qui aime à rappeler qu'il vendait des poulets dans sa jeunesse, a remercié Dieu qu'"un garçon de village (soit) devenu président du Kenya".
Mais "le plus grand gagnant de cette élection est de loin le peuple du Kenya (...) Nous avons réussi en tant que nation", a-t-il ajouté.
La Cour suprême avait confirmé le 5 septembre, près d'un mois après après le scrutin du 9 août, la victoire du vice-président sortant avec environ 233.000 voix - sur 14 millions de votes - d'avance sur Raila Odinga, figure historique de la politique kényane qui avait crié à la fraude.
Les juges ont rejeté à l'unanimité les accusations d'Odinga, figure historique de la politique kényane de 77 ans qui avait reçu le soutien du président Uhuru Kenyatta.
Odinga, qui a dit "respecter" la décision de la Cour suprême même s'il la "désapprouve", n'a pas assisté à la cérémonie.
"Economie délabrée"
Cette élection était scrutée de près par la communauté internationale, qui considère le Kenya comme un havre de stabilité démocratique et une locomotive économique dans la région tourmentée de la Corne de l'Afrique.
Les observateurs indépendants ont loué le bon déroulement de l'élection qui, malgré des résultats serrés et contestés, n'a pas donné lieu à des violences comme le pays a pu en connaître par le passé.
Après la décision de la Cour suprême, Uhuru Kenyatta s'était engagé à une transition "en douceur" avec son ancien vice-président, avec qui il était pourtant en conflit ouvert depuis plusieurs années.
De nombreux défis attendent le nouveau président qui, selon de nombreux analystes, hérite d'un pays profondément divisé.
De nombreux Kényans se sont également détournés des urnes, alors que le pays fait face à une forte inflation et à une dette qui a été multipliée par six durant les deux mandats de son prédécesseur pour dépasser les 70 milliards d'euros, soit 67% du PIB.
Le nouveau vice-président, Rigathi Gachagua, a affirmé que la nouvelle administration héritait d'une "économie délabrée".
"Nous vivons au-delà de nos moyens. Cette situation doit être corrigée", a déclaré Ruto.
Premières mesures
Issu d'une famille modeste avant de devenir un des hommes les plus riches du pays, le nouveau président s'est présenté comme le héraut des "débrouillards" du petit peuple, promettant de créer des emplois et de s'attaquer à l'inflation qui frappe notamment les carburants, les produits alimentaires, les semences et les engrais.
Dans son discours d'investiture, il est revenu sur ses grandes mesures économiques, comme la création d'un "fonds des débrouillards" d'un montant de 50 milliards de shillings kényans (environ 410 millions d'euros) permettant d'accorder des prêts aux petites entreprises.
Il a promis de diviser par deux le prix des engrais "d'ici la semaine prochaine". La tâche s'annonce difficile, selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG).
Si les élections kényanes ont été un "exemple pour la région", le nouveau chef de l'Etat doit répondre "à d'énormes attentes", souligne l'ICG, en prévenant: "Gouverner sera plus dur que faire campagne".
Cette cérémonie met fin à près d'une décennie de présidence d'Uhuru Kenyatta, élu président en 2013 et réélu en 2017, qui ne pouvait briguer de troisième mandat.
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