Kenya
Josephine Leshao a survécu à un cancer, qui l’a laissée en partie aveugle. Lorsqu’elle se remémore cette période difficile de sa vie, cette Kényane de 44 ans, mère de 3 enfants, regrette que les malades soient souvent livrés à eux-mêmes. Elle en a elle-même fait l’expérience : elle a dû vendre ses parcelles de terrain pour payer ses frais médicaux.
Aujourd’hui, elle souhaiterait que le gouvernement soit plus impliqué dans la lutte contre cette maladie.
"Quand on arrive à l'hôpital, mais qu'on manque d'argent, on ne peut pas avoir accès aux soins. Je souhaite que le cancer soit traité comme une catastrophe nationale, tout comme le VIH, car ainsi, nous recevrons des médicaments gratuits et de nombreuses personnes seront guéries. Quand vous n'avez pas d'argent, vous ne pouvez pas vaincre le cancer", explique la mère de famille.
Les cancers du col de l’utérus, du sein et de la prostate sont les trois cancers qui touchent aujourd’hui le plus le continent africain, avec des chances de survie faibles.
Pour certains experts, l’Afrique fait face à une urgence sanitaire.
"La raison pour laquelle nous disons qu’il y a une urgence liée au cancer en Afrique, c'est parce que l’on compare l'incidence du cancer sur la mortalité. Donc, si cent patients, 100 personnes ont un cancer en Afrique, 80 % de ces personnes mourront. Donc, c'est vraiment qu'ils n'ont pas accès au même type de traitements et à toutes les infrastructures qui sont courantes dans des pays comme les États-Unis ou en l'Europe", explique le Dr. Wilfred Ngwa, professeur d'oncologie à l'université John Hopkins aux Etats-Unis.
L’une des raisons pour lesquelles le cancer fait autant de ravages sur le continent africain est liée au dépistage, qui souvent est inexistant ou trop tardif pour que le patient soit correctement pris en charge.
"L'Afrique compte environ 2000 langues, certaines de ces langues n'ont pas de mot pour le cancer. J'ai grandi dans un village comme ça. Donc on appelle ça autre chose, c'est de la sorcellerie, c'est quelque chose d'autre. Ce qui se passe après, c'est que les gens meurent et ils ne sont jamais vraiment considérés comme des malades du cancer. On ne peut pas commencer à traiter une maladie s’il n’y a pas de nom pour la définir, si on ne sait même pas ce que c'est", poursuit le Dr. Wilfred Ngwa.
Selon le ministère de la Santé du Kenya, le cancer est la 3e cause de décès après les maladies infectieuses et cardiovasculaires dans le pays, qui a mis en place un groupe de travail chargé de mettre en place des soins de santé universels.
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