France
Face à des Comores accablées par le sort, sans gardien de métier et à dix presque tout le match, le Cameroun a fini par se qualifier (2-1) pour les quarts de finale de la Coupe d'Afrique des nations, lundi à Yaoundé.
Les "Lions indomptables" affronteront pour une place dans le dernier carré l'autre débutant de cette CAN, la Gambie, vainqueur de la Guinée (1-0), à Douala le 29 janvier, mais lundi soir,le spectacle a été tronqué.
Les Comores ont résisté héroïquement, et même marqué sur un coup franc direct de Youssouf M'Changama (81e), pour aviver leurs regrets, avec un arrière-droit dans les buts et à dix contre onze dès la 7e minute.
Après l'exclusion de leur capitaine Nadjim Abdou, les "Coelacanthes" ont même voulu un instant quitter la pelouse. Le staff, faisant des X avec les bras en croix au-dessus de leurs têtes, semblaient vouloir jeter l'éponge, avant de se raviser.
L'exclusion a été décidée après consultation de la vidéo, Abdou intervient en retard sur la cheville de Nicolas Ngamaleu, mais le coup était cruel pour les Comoriens.
Ce rouge s'ajoutait à la colère de n'avoir pas obtenu de dérogation pour aligner le gardien Ali Ahamada, à nouveau négatif au Covid mais pas dans les délais.
Le deuxième gardien, Moyadh Ousseini, était positif, et Salim Ben Boina blessé. Shaker Alhadhur, défenseur de métier titularisé dans les buts, a été courageux, mais il n'avait pas la détente d'un vrai gardien pour arrêter la frappe de Karl Toko-Ekambi (29e), la première cadrée du match pour les Lions Indomptables.
Coup franc direct de M'Changama
Trois minutes plus tard, André Onana a rappelé tout ce qu'un grand goal apporte, avec une double parade magnifique sur deux tirs successifs d'Ahmed Mogni et Youssouf M'Changama (32e).
Le gardien de l'Ajax, qui a commencé son match par une petite boulette sans conséquence sur un ballon facile (3e), a ensuite écœuré les Comoriens, avec un magnifique réflexe sur une frappe puissante de Ben El Fardou (79e).
Mais il ne pouvait rien sur le coup franc direct de M'Changama dans la lucarne, alors que Vincent Aboubakar avait déjà doublé la mise (71e).
Dans la cage d'en face, ses formateurs au FC Nantes ont de quoi être fiers d'Alhadhur, avec son numéro 3 fait en scotch bleu ciel sur le maillot emprunté à Ahamada.
Présent depuis 2014 et le début de l'aventure de cette équipe des Comores, le gardien d'un soir a réussi un superbe arrêt avec les pieds sur une puissante tête de Vincent Aboubakar (48e), puis deux parades, pas très académiques mais diablement efficaces, face à "Abou" et Eric Choupo-Moting "Choupo" (54e)
Mais le capitaine du Cameroun a fini par tromper Alhadhur, sur une délicieuses passe verticale de Martin Hongla.
Voilà Aboubakar à 6 buts, à trois unités du record de la CAN, signé du Zaïrois (aujourd'hui de la RD Congo) Pierre Ndaye Mulamba en 1974.
La belle histoire des Comores ferme un chapitre, la grande histoire des Lions Indomptables poursuit son rêve d'en écrire un autre, glorieux.
Ambiance comorienne à Marseille
Au début de la compétition, c'était un simple drap blanc sur un mur et un rétroprojecteur, pour suivre en extérieur le parcours des Comores à la Coupe d'Afrique des nations. Lundi, cité Félix-Pyat à Marseille, ils étaient plus d'un millier à soutenir les "Coelacanthes".
Cette vraie "fan-zone" comorienne a été installée sur l'esplanade Félix-Pyat, au cœur du très populaire 3e arrondissement de Marseille, un quartier qui accueille de nombreux Comoriens.
Mais la communauté comorienne, qui représenterait environ 80 000 personnes à Marseille, est établie aussi dans les cités du nord de la ville et pour l'historique 8e de finale face au Cameroun, tous les quartiers avaient été appelés à la rescousse, de la Busserine, la Savine, les Cèdres, Plan d'Aou ou la Solidarité.
A coups de vidéos sur les réseaux sociaux, le vaste terre-plein de la cité est devenu le lieu de rendez-vous des soirs de match, jusqu'à l'exploit de la victoire face au Ghana, historique pour une sélection qui participe à sa première CAN, qui a joué son premier match officiel en 2010 et qui n'était pas encore reconnue par la Fifa il y a 20 ans.
Kamal, lui, est arrivé... du Cameroun, où il a soutenu son équipe sans penser qu'elle pouvait atteindre les 8e de finale. Alors il est rentré à Marseille pour voir la suite et pour faire la fête.
"Partout, aux Comores, ici, à Yaoundé, au Sénégal, partout où il y a une communauté comorienne, on explose de joie", a-t-il raconté à l'AFP. "Les Comores c'est un petit pays, mais il ne faut pas penser que les grands seront toujours les grands. On ne pensait jamais aller à la CAN, jamais sortir le Ghana, et on l'a fait. C'est une grande fierté."
Petit Vélodrome
Au milieu des pétards et des feux d'artifice, drapeaux sur les épaules, tous disent cette fierté, chantent l'hymne national et scandent "Veri Piya", "Tous en Vert".
Félix-Pyat se transforme ensuite en petit Vélodrome. "Aux armes ! Nous sommes les Comoriens !", lance l'un des DJ chargés d'animer la soirée. L'un d'entre-eux, DJ Hatoir, est le frère de Salim Ben Boina, gardien de but N.2 de la sélection, auteur d'un match ahurissant face au Maroc.
Les bancs sont réservés aux femmes et aux enfants, et gare à celui qui passe devant le rétro-projecteur et cache les images venues de Yaoundé, où l'équipe nationale, privée de gardien de but de métier et réduite à 10 après quelques minutes, tient pourtant tête au Cameroun.
"Le Cameroun c'est des bandits !", hurle le DJ après le carton rouge. Dans la foule, parmi les centaines de personnes présentes, certains ne sont même pas au courant que, dans les buts, c'est le défenseur Shaker Alhadur qui fait ce qu'il peut.
La star Alonzo
Mais Youssouf, adolescent venu avec son petit frère et sa petite sœur, se moque un peu du résultat. Il se souvient de la CAN précédente, quand "plein de copains avaient fêté la victoire de l'Algérie". Cette fois, cette Coupe est aussi la sienne.
Car la moitié des joueurs comoriens présents au Cameroun sont nés à Marseille ou dans les environs. C'est aussi le cas du sélectionneur, Amir Abdou.
En poste depuis 2014, il est le grand artisan des progrès comoriens et c'est lui qui a convaincu les joueurs de la diaspora de rejoindre la sélection.
Présent au Cameroun, le défenseur Kassim Abdallah, passé par l'OM, a vécu les débuts. "On a dormi dans un hôtel désaffecté, on était en stage avec rien du tout. On était dans un truc, c'était Koh Lanta", a-t-il raconté au podcast "Passe ton Ballon", animé par de jeunes journalistes marseillais.
Lundi, la fan zone de Félix-Pyat a explosé plusieurs fois, quand Alhadur a réussi un incroyable double-arrêt, ou quand M'Changama a réduit le score (2-1) d'un coup franc splendide, sans pouvoir cependant renverser le résultat final.
Mais c'est pour un autre héros de la diaspora comorienne que tous les téléphones se sont allumés et ont été brandis à la pause. Le rappeur Alonzo, grande star marseillaise, a fait la surprise de venir chanter un morceau
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