Ouganda
Au moins trois personnes ont été tuées et 33 blessées mardi, selon la police, dans la capitale ougandaise Kampala lors d'un double attentat suicide revendiqué par l'organisation jihadiste Etat islamique (EI).
C'est la deuxième attaque meurtrière en Ouganda revendiquée par l'EI en quelques semaines, après un attentat à la bombe mené le 23 octobre dans un restaurant de Kampala qui avait tué une serveuse et fait plusieurs blessés.
La police ougandaise a attribué les attaques de mardi à un "groupe local lié aux ADF", les Forces démocratiques alliées, rébellion active dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine.
Depuis avril 2019, certaines attaques des ADF sont revendiquées par l'EI, qui désigne le groupe comme sa "Province d'Afrique centrale" (Iscap en anglais). En mars, les Etats-Unis ont placé les ADF sur la liste des "organisations terroristes" affiliées à l'EI.
Les deux explosions se sont produites à trois minutes d'intervalle, peu après 10H00 locales (07H00 GMT), dans le quartier d'affaires de Kampala.
La première attaque a été menée à un check-point situé près du quartier général de la police par un homme transportant une bombe dans un sac à dos. La deuxième par deux hommes "déguisés en moto taxis" à proximité de l'entrée du Parlement, selon le porte-parole de la police, Fred Enanga.
Dans un communiqué diffusé sur ses chaînes Telegram, l'EI a confirmé que trois kamikazes avaient mené les deux attaques, soulignant que l'Ouganda faisait "partie des Etats qui participent à la guerre contre l'EI en Afrique centrale".
M. Enanga a indiqué que les forces contre-terroristes avaient arrêté un quatrième homme et "récupéré un engin explosif artisanal non explosé (...) chez lui".
Blessé lors de son arrestation, "il est décédé plus tard", a affirmé le président Yoweri Museveni dans un communiqué diffusé dans la soirée, assurant que les "terroristes (...) périront".
Le chef de l'Etat a appelé la population à "rester vigilant(e) et à contrôler les personnes aux points d'entrée des parking de bus, des hôtels, des églises, des mosquées, des marchés..."
- Corps "déchiquetés" et "dispersés" -
Ce double attentat intervient trois semaines après deux autres attaques à la bombe, une contre un restaurant de la capitale le 23 octobre revendiquée par l'Iscap et un attentat suicide mené dans un bus près de Kampala deux jours plus tard, qui n'a pas été revendiqué.
Les autorités ougandaises avaient affirmé avoir établi "un haut niveau de connexion" entre les deux attentats, attribués au groupe ADF, groupe rebelle musulman apparu en Ouganda qui a fait souche depuis plus de 25 ans en RDC, où il est accusé d'avoir tué des milliers de civils.
Les attaques de mardi ont semé la panique dans le quartier d'affaires de Kampala, où des corps "déchiquetés" et "dispersés" jonchaient le sol, selon M. Enanga.
Le maire de Kampala, Salim Uhuru, a raconté se trouver dans une banque à proximité du QG de la police au moment de l'explosion.
"C'était tellement fort. J'ai couru vers le poste de police et j'ai vu un policier que je connais mort au sol. Son corps a été éparpillé", a-t-il déclaré.
Selon la Croix-Rouge ougandaise, 21 des 33 blessés étaient des policiers.
- "Influence jihadiste"-
La police ougandaise a arrêté le mois dernier des membres présumés des ADF, affirmant soupçonner une attaque contre des "installations majeures".
Outre les deux attaques meurtrières, l'EI a également revendiqué le 8 octobre un attentat à la bombe contre un poste de police de Kampala, qui n'a pas fait de victime connue.
"Il est de plus en plus clair que les ADF recentrent leur attention sur l'Ouganda", a déclaré Kristof Titeca, spécialiste de ce groupe armé à l'Université d'Anvers.
"Cela pourrait être lié à une influence accrue des éléments jihadistes au sein des ADF ces deux dernières années", estime-t-il.
En 2010, deux attentats à la bombe, revendiqués par les islamistes somaliens shebab, avaient visé à Kampala des supporters assistant à la finale de la Coupe du monde, faisant 76 morts.
Ces attaques, les premières commises par les insurgés somaliens en dehors de Somalie, ont été perçues comme une vengeance après l'envoi de troupes par l'Ouganda au sein de l'Amisom, mission de l'Union africaine destinée à épauler les autorités somaliennes dans le combat contre les shebab.
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