Ethiopie
L'armée éthiopienne a lancé mercredi une attaque aérienne contre Mekele, la capitale de la région septentrionale du Tigré, pour la deuxième fois cette semaine, marquant une nouvelle escalade de ce conflit régional qui dure depuis près d'un an.
Contrairement aux frappes de lundi, le gouvernement éthiopien a rapidement confirmé l'information d'abord donnée par des sources humanitaires et un résident de Mekele. Le raid "a visé des installations transformées (par les rebelles tigréens) en centre de fabrication d'armes et de réparation pour leur matériel militaire", a affirmé à l'AFP par SMS le chef du service de communication du gouvernement Legesse Tulu.
Aucun bilan humain n'était immédiatement disponible à la suite de ce bombardement aérien qui a notamment détruit un site industriel, précise un résident de Mekele."C'était très lourd et l'avion était très proche. L'ensemble du site a brûlé, on ne sait pas s'il y a des victimes, mais toute l'entreprise est partie en fumée", a-t-il ajouté.
Panique
Ces frappes ont provoqué une nouvelle panique dans une ville en état de siège, où les médecins et d'autres personnes ont déclaré être à court de médicaments et d'autres produits de première nécessité. Lundi, l'armée éthiopienne avait déjà mené deux raids contre des positions du Front de Libération du peuple du Tigré (TPLF) à Mekele. Selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), au moins trois enfants avaient été tués lors de ces premières frappes.
Dans un premier temps, le gouvernement avait qualifié de "mensonge total" les informations de sources humanitaires, diplomatiques et médicale faisant état de bombardements, les premiers sur Mekele rapportés depuis le début du conflit en novembre 2020. Un média d'Etat avait ensuite confirmé l'information et affirmé que des frappes aériennes avaient visé des cibles des rebelles du TPLF.
Nouvelle offensive
Depuis deux semaines, diverses sources rapportent les signes d'une nouvelle offensive du régime du Premier ministre Abiy Ahmed contre les responsables tigréens qui ont dominé la vie politique éthiopienne pendant 30 ans. Un porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a dénoncé le raid de mercredi lancé, selon lui, contre une zone résidentielle de Mekele et qui a "touché des civils et causé des dégâts matériels". Et d'ajouter sur Twitter que "la réaction du gouvernement face à ses pertes dans le conflit actuel est de viser des civils à des centaines de kilomètres du champ de bataille."
Le conflit dans le nord de l'Ethiopie a commencé le 4 novembre 2020 avec l'envoi par Abiy Ahmed de l'armée fédérale éthiopienne, après des mois de tensions, contre les autorités régionales dissidentes issues du TPLF, qui a exercé le pouvoir en Ethiopie jusqu'en 2018. Les forces fédérales avaient rapidement pris le contrôle de la majeure partie de la région, dont Mekele.
Mais en juin, le TPLF a repris l'essentiel du Tigré puis a poursuivi son offensive dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, accentuant une crise humanitaire qui frappe des centaines de milliers de personnes. Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a accusé lundi le TPLF de tenter de camoufler des attaques supposées de civils dans les régions voisines Amhara et Afar.
Arrêt des hostilités
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit lundi "profondément inquiet d'une escalade du conflit", par la voix de son porte-parole Stéphane Dujarric, qui a appelé toutes les parties à éviter de cibler des civils et a réitéré son appel à l'arrêt des hostilités. Selon l'ONU, au moins deux millions de personnes ont été déplacées par le conflit au Tigré et dans les régions voisines.
Le département d'Etat américain, par la voix de son porte-parole Ned Price, a pour sa part appelé lundi "toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités (et) à entrer en négociations sans conditions pour un cessez-le-feu stable".
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