Ethiopie
L'armée éthiopienne a mené lundi des frappes aériennes sur Mekele, la capitale du Tigré en guerre, faisant au moins trois morts selon une source hospitalière.
Le gouvernement avait dans un premier temps qualifié de "mensonge total" les informations de sources humanitaires, diplomatiques et médicale faisant état de bombardements, les premiers connus sur Mekele depuis le début du conflit il y a presque un an. Un média d'Etat a ensuite confirmé l'information, indiquant que des frappes aériennes avaient visé des cibles des rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).
L'agence Ethiopian Press a indiqué que les frappes avaient touché des infrastructures de communication utilisées à Mekele par le TPLF, affirmant que des "mesures pour empêcher des victimes civiles" avaient été appliquées. Après des mois de tensions croissantes avec les autorités régionales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale au Tigré (Nord) le 4 novembre 2020 pour les en chasser.
Offensive
Les forces fédérales avaient rapidement pris le contrôle de la majeure partie de la région, dont Mekele. Mais en juin, le TPLF a repris l'essentiel du Tigré puis a poursuivi son offensive dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar. Depuis environ deux semaines, des sources rapportaient les signes d'une offensive d'Addis Abeba, susceptible de constituer une nouvelle phase de ce conflit qui a plongé des centaines de milliers de personnes dans la famine, selon l'ONU.
La première frappe a eu lieu dans la matinée à la périphérie de la ville près d'une usine de ciment. La deuxième s'est déroulée en milieu de journée dans le centre-ville, près de l'hôtel Planet - par le passé souvent utilisé par les responsables du TPLF. Un responsable de l'hôpital Ayder, principal établissement de santé de la ville, Hayelom Kebede, a fait état de "trois morts", selon un premier bilan, et de l'afflux de "nombreuses victimes".
Jour de marché
Getachew Reda, porte-parole du TPLF, a déclaré sur Twitter que les forces fédérales avaient visé "des civils à l'intérieur et à l'extérieur" de Mekele. "Le lundi est jour de marché à Mekele et l'intentionnalité est claire", a-t-il écrit. Le directeur du service de communication du gouvernement, Legesse Tulu, avait plus tôt démenti ces informations."Il n'y a aucune raison, ou projet, de viser des civils à Mekele, qui fait partie de l'Ethiopie, et où vivent nos propres citoyens. C'est un mensonge total", avait-t-il déclaré.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "est profondément inquiet d'une escalade du conflit", par la voix de son porte-parole Stéphane Dujarric, et a appelé toutes les parties à éviter de cibler des civils et a réitéré son appel à l'arrêt des hostilités. Le département d'Etat américain, par la voix de son porte-parole Ned Price, a déclaré "appeler toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités (...), à entrer en négociations sans conditions pour un cessez-le-feu stable".
Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a accusé dans un communiqué le TPLF de tenter de camoufler des attaques supposées de civils dans les régions voisines Amhara et Afar."Le TPLF a crié au loup au cours de la semaine passée, appelant la communauté internationale à le sauver de l'attaque planifiée du gouvernement", selon lui.
Armes lourdes
Legesse Tulu a affirmé que le TPLF avait utilisé des armes lourdes ces derniers jours à Wuchale, une localité amhara."Ils ont attaqué à l'artillerie. Ils ont tué plus de 30 civils là-bas, et en ont déplacé beaucoup d'autres", a-t-il dit, ajoutant que Chifra, une localité afar, avait également été touchée.
La semaine dernière, les combats ont repris en Afar et, lundi, le TPLF semblait avancer vers la ville amhara de Dessie, où des dizaines de milliers de personnes se sont réfugiées depuis juillet. Un résident de Dessie a déclaré à l'AFP que la ville était "submergée" par les déplacés en provenance de Wuchale, plus au nord.
Au cours du week-end, Getachew Reda a affirmé que les forces rebelles avaient pris Wuchale ainsi que des zones alentours, ce qu'un responsable militaire de l'Amhara a nié lundi auprès de l'AFP. Le porte-parole a réaffirmé que les troupes du TPLF marcheraient si nécessaire jusqu'à Addis Abeba. "Si c'est ce qu'il faut faire pour briser le siège du Tigré, pourquoi pas ?", a-t-il dit à l'AFP dans un SMS.
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