Interview
Dans un entretien exclusif avec le Premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC), Sama Lukonde, notre correspondant Serge Koffi évoque la situation sécuritaire, économique et politique dans le pays 100 jours après la nomination du nouveau chef de gouvernement.
A votre arrivée, vous avez exposé un plan qui vise à rendre la RDC unie et prospère. Quelque 100 jours après, quel est le chemin parcouru ?
A notre arrivée la Primature, nous avons donné comme priorité de changer de cap. Nous arrivons dans un contexte où tous les voyants sont au rouge. Nous trouvons plusieurs arriérés. Nous trouvons une situation économique assez difficile et décidons de donner une nouvelle direction en maximisant d’abord nos recettes. Cela a demandé à ce que nous puissions prôner la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.
Cette politique du gendarme, si je peux le dire ainsi, a permis d'avoir de meilleurs résultats au niveau des recettes de l'État. Ceci pour nous permettre d'abord d'intervenir dans tous les secteurs administratifs et permettre que notre action puisse mieux se faire ressentir. À côté de cela nous avons décidé de la sécurisation et la paix à l'Est du pays, particulièrement dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Nous sommes à pied d’œuvre de ce côté-là et pensons que depuis ce 26 avril, nous avons fait du chemin et que toutes les flèches sont ascendantes en ce moment.
La crise économique qui secoue la RDC est un des défis auxquels vous faites face. Comment entendez-vous relever économiquement le pays d'ici 2023 ?
Nous arrivons à une période où la Covid-19 a déjà fait ses effets. Depuis mars 2020 nous avons a connu véritablement un coup dur, par rapport à notre PIB qui était autour de 4,6 %, qui est retombé pour toute cette année 2020 à 1,7 %. En 2021, lorsque nous nous arrivons, nous décidons d'abord de maintenir le cadre macroéconomique, mais surtout de diversifier notre économie parce que ce qu'il faut savoir que ce qui sous-tend actuellement l'économie, c’est le secteur minier.
Encore heureux que de ce côté-là les cours sont restés en hausse. Ils le sont encore surtout pour les produits que nous exportons, notamment le cuivre et le cobalt. Ce qui permet de maintenir une certaine stabilité actuellement. Mais nous voulons que d'autres secteurs productifs voient le jour, notamment dans l'agriculture.
En 2023, des élections auront lieu en RDC. Des voix s’inquiètent déjà̀ car le processus devait commencer par un recensement général qui tarde à débuter. Qu’est-ce qui freine le recensement des Congolais ?
On parle d'abord d’une structure qui est supposée organiser ces élections. C'est la Commission nationale indépendante électorale indépendante (CENI). A côté de cette structure, nous avons un cadre organique et des lois qui organisent tout : la loi électorale elle-même. Il faut des moyens qui permettent d'organiser ces élections avec un fichier consolidé. C'est une question de souveraineté. Aujourd'hui en toute responsabilité, ce serait logique que nous puissions, du point de vue administratif, avoir ce recensement.
Pour les élections, puisque vous en avez parlé, j'ai donné les ingrédients, Nous ne voudrions pas nécessairement mettre les deux questions ensemble parce que les deux dernières élections, nous les avons faites sans avoir le recensement. Aujourd'hui, nous avons plusieurs travaux en commission de manière à avoir une feuille de route claire permettant ce recensement en toute objectivité.
Au sujet de la situation sécuritaire dans l’Est, votre approche a été d’instaurer l’Etat de siège. Quels ont été les fruits de cette approche ?
Du point de vue de notre programme du gouvernement, c'est véritablement l’action sur laquelle nous avons travaillé. Le chef de l'État avait initié en octobre 2020 des consultations avec toutes les couches de la nation. La demande était d'avoir une administration militaire pour véritablement éradiquer ce cycle de violences qui n’a que trop duré depuis plus de 25 ans. Nous y mettons tous nos efforts.
Selon les résultats que nous avons aujourd'hui, plusieurs bastions qui étaient entre les mains des forces négatives ont été récupérés. Et le véritable effort qui est fait actuellement particulièrement, dans l’Ituri contre les Forces Démocratiques Alliées (ADF), est de vraiment nous assurer qu'ils soient dans leur derniers retranchements. Cela demande à ce que nous puissions travailler avec les pays voisins.
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