Algérie
En Algérie, des dizaines de personnes ont été arrêtées puis relâchées lors des marches hebdomadaires du Hirak. Comme chaque vendredi, les manifestants ont lancé des slogans hostiles au pouvoir.
Les marches d'hier ont été marquées vendredi par des dizaines d'arrestations à travers tout le pays, selon des organisations de défense des droits humains. La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) a fait état de "dizaines d'interpellations dans plusieurs wilayas (préfectures) à Alger, Blida, Tiaret et Relizane". La plupart des personnes arrêtées ont été relâchées en fin de journée, a-t-elle précisé.
"La LADDH, tout en exprimant sa pleine solidarité avec le mouvement Hirak, dénonce cette répression et réitère son appel à l'arrêt de la répression et de la diabolisation du Hirak, et rappelle le respect des libertés publiques et des droits humains", a affirmé le vice-président de la Ligue, Saïd Salhi. A Alger, le militant Mohamed Tadjadit, un ex-détenu, et trois étudiants ont été arrêtés à la fin de la manifestation hebdomadaire qui a rassemblé des milliers de personnes dans le centre de la capitale, a indiqué le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien aux prisonniers d'opinion.
"Le militant et poète Mohamed Tajadit arrêté à la fin de la manifestation (...) dans la rue Didouche Mourad à Alger-centre, et embarqué dans une Toyota blanche, aucune nouvelle de lui", a tweeté le journaliste indépendant Khaled Drareni. Par ailleurs, les forces de l'ordre ont dispersé, en faisant usage de spray de gaz liquide, les manifestants à Oran (nord-ouest) ainsi que dans la ville voisine de Mostaganem dès le début du défilé, a précisé à l'AFP un journaliste local sous couvert de l'anonymat.
Des marches ont également eu lieu à Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa, villes de Kabylie (nord-est), ainsi qu'à Constantine et Annaba (est), selon des images diffusées sur les réseaux sociaux. Les rassemblements sont en principe interdits en raison de la pandémie de Covid-19. "Nous allons poursuivre le mouvement car aucune de nos revendications n'a été satisfaite. Nous demandons toujours un État avec moins de militaires au pouvoir et une ouverture politique en plus de la liberté de la presse pour tous", déclareMohamed Saadouni, un manifestant.
Né en février 2019 du rejet massif d'un 5e mandat du président Bouteflika, le Hirak réclame un changement radical du "système" politique en place depuis l'indépendance du pays en 1962. "La rue veut un vrai changement. Pas seulement des élections présidentielles ou des législatives anticipées qui auront lieu en juin. Le peuple veut un changement complet, pas seulement des élections. Les élections sont un élément du changement global que réclame le peuple", avance le journaliste Ali Lekhdari.
Malgré la contestation, le président Abdelmadjid Tebboune semble déterminé à appliquer sa feuille de route, alternant gestes d’apaisement et de répression. La présidentielle de décembre 2019 et le référendum constitutionnel de novembre 2020 ont été sanctionnés par des taux d'abstention record. "Le peuple algérien a décidé qu'il veut une gouvernance civile et non militaire", a affirmé à l'AFP, Kamel, un fonctionnaire de 59 ans. "Nous patientons depuis 1962 et c'est comme si nous n'avions pas vécu l'indépendance. C'est maintenant notre indépendance si Dieu le veut", a-t-il ajouté.
Le mouvement populaire inédit en Algérie est pacifique, pluriel - des laïcs aux islamistes - et sans véritable leadership ni structure politique à ce jour. Ce qui lui vaut des critiques pour son manque d'unité et de propositions politiques.
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