Somalie
Neuf personnes seraient décédées dans des affrontements à la frontière entre la Somalie et le Kenya.
La Somalie assure que des troupes kényanes, accompagnées de combattants somaliens entraînés par le Kenya, sont entrées dans la ville de Bulohawo, dans le territoire du Jubaland, pour attaquer des bases fédérales somaliennes.
Selon des sources somaliennes concordantes, une de dizaines de personnes seraient décédées dans les combats, qui ont fait également des blessés des deux côtés. Mais le doute subsiste quand à l'exactitude et la nature des personnes impliquées dans ce nouvel épisode de violence.
Selon le ministre de l'Information Osman Abukar Dube, les assaillants auraient "bombardé des endroits peuplés de civils et tué cinq enfants et leur mère". Le ministre a par la suite affirmé que "les forces somaliennes ont capturé cent rebelles entraînés par le Kenya lors des combats".
Trois soldats de l'armée somalienne ont également été tués, selon le Colonel Mohamed Adbulle, officiant à Bulohawo. Un bilan qui n'a pas pu être confirmé de manière indépendante. Un habitant de Bulohawo, Ahmednur Yusuf, a raconté à l'AFP avoir "vu les corps de huit personnes: cinq appartenaient à une même famille, dont la maison a été bombardée." Selon lui, "des dizaines de prisonniers appartenant aux troupes du Jubaland et capturés par les forces somaliennes ont été emmenés dans un camp militaire hors de la ville."
De son côté, le gouverneur de Mandera, un comté frontalier de la Somalie, a fait savoir que 12 personnes, blessées par des balles perdues et lors du bombardement d'une maison dans la ville de Mandera, avaient été hospitalisées.
Le Jubaland au cœur des tensions
Le ministre kényan de l'Intérieur Fred Matiangi a nié toute implication de son pays, évoquant un conflit "interne" à la Somalie. "Nous ne sommes pas impliqués là-dedans et aucune de nos troupes n'a franchi la frontière avec la Somalie", a-t-il assuré.
Le Kenya considère le Jubaland comme une zone-tampon entre son territoire et les islamistes du groupe Al-Shebab, affiliés à Al-Qaïda. Pour se protéger d'attaques sur son territoire, le Kenya a décidé de soutenir le président de la région, Ahmed Madobe. Une position qui irrite le gouvernement fédéral de Mogadiscio, qui a contesté la réélection de cet ancien seigneur de guerre en 2019, avant de lui reconnaître en juin le statut de "dirigeant par intérim" de la région.
Depuis, les événements se poursuivent: le gouvernement fédéral n'a pas retiré ses troupes du Jubaland, contrairement à ses promesses, et Ahmed Madobe refuse de participer aux élections nationales voulues en 2021 par Mogadiscio, après de nombreux reports.
Ce nouvel épisode de violence vient renforcer les tensions entre ces deux états voisins, qui depuis décembre, ont rompu leurs relations diplomatiques.
La Somalie avait décidé de congédier l'ambassadeur kényan à Mogadiscio et de rappeler son ambassadeur à Nairobi après avoir accusé son voisin du sud d'ingérence dans la région semi-autonome du Jubaland, frontalière du Kenya.
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