Niger
Après le vote, l'heure est désormais au décompte dans les bureaux de vote nigériens. Ce d****imanche, quelque 7,4 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour un double scrutin afin d'élire leurs députés et leur prochain Président parmi 30 candidats, dont celui du parti au pouvoir et grand favori, Mohamed Bazoum.
Le dépouillement terminé dans les bureaux de vote, les Nigériens attendaient lundi les résultats de l'élection présidentielle qui doit marquer la première transition démocratique entre deux présidents élus dans ce pays en proie à des attaques djihadistes récurrentes. Après dix ans au pouvoir, le président Mahamadou Issoufou a, conformément à la Constitution, décidé de ne pas se représenter à un troisième mandat. Un symbole démocratique fort dans un pays habitué aux coups d'états depuis son indépendance en 1960.
"Quel que soit le vainqueur, la victoire appartiendra au peuple nigérien. C'est un jour spécial pour le Niger qui va connaitre pour la première fois de son histoire une alternance démocratique", a souligné le président sortant après avoir voté à l'hôtel de ville de Niamey.
A l'école Zongo de Niamey, les présidents et délégués dépouillaient avec la lampe tempête fournie par la commission électorale (Ceni) et les lampes des téléphones portables, l'école ne disposant pas de lumière. "La journée s'est déroulée sans problème", a confié Mahamadou Morou, président du bureau de vote 231 de l'école. Aucun "incident grave" n'avait été recensé dans le pays par la Céni dans la soirée.
Dans le bureau de Zongo, la participation était forte avec votants 287 sur 487 inscrits (58,9%). Les premières estimations nationales pour la présidentielle sont attendues lundi, et les résultats espérés mercredi ou jeudi, selon une source à la commission électorale.
Le vainqueur de l'élection devra tenter de trouver une réponse au problème djihadiste qui ravage le pays depuis 2010. Si la double élection s'est déroulée sans violences particulières, les attaques des combattants djihadistes ont causé la mort de plusieurs centaines de personnes, et le déplacement de près de 500 000 personnes ses dix dernières années.
Basoum vise la victoire au 1er tour
Ancien opposant, Mahamadou Issoufou a rappelé que c'était la première élection dans son pays à laquelle il ne participait pas depuis 30 ans. Après dix ans au pouvoir, il espère passer le témoin à son bras droit Mohamed Bazoum, 60 ans, grand favori du scrutin, pour lequel 30 candidats au total étaient en lice. "Je demande aux militants de sortir encore plus nombreux pour assurer notre victoire, comme (pour les élections municipales et régionales) le 13 décembre", a dit l'ancien ministre de l'Intérieur, qui vise un succès dès le premier tour à ce scrutin présidentiel couplé à des législatives.
Mohamed Bazoum, qui a bénéficié de la machine électorale de son parti et de l'Etat, a promis de mettre l'accent sur la sécurité et l'éducation, notamment des jeunes filles, dans ce pays qui détient le record mondial de fécondité (7,6 enfants par femme).
"Une élection à un seul tour n'est pas possible. Ils savent très bien que l'état de santé de leur parti et le niveau de frustration des Nigériens empêchent toute perspective de faire un KO. Il y aura un second tour le 20 février 2021", a affirmé par téléphone l'ancien ministre des Affaires étrangères Ibrahim Yacouba après avoir voté dans son village de Birnin-Lokoyo (Sud-Ouest). "Cette campagne a été massivement corrompue par l'argent du parti au pouvoir. Ce processus corrompu peut impacter les résultats", a-t-il dénoncé.
Renouvellement de la classe politique
Un connaisseur de la politique nigérienne souligne l'absence de renouvellement de la classe politique. Deux anciens présidents, Mahamane Ousmane et Salou Djibo, deux anciens Premiers ministres, Seini Oumarou et Albadé Abouba, et sept ex-ministres figurent parmi les candidats, pour une moyenne d'âge de plus de 60 ans, dans un pays où elle se situe autour de 16 ans.
Un des principaux défis du prochain président sera de juguler les attaques djihadistes qui ont fait des centaines de morts depuis 2010, et fait fuir de leurs foyers environ 500 000 réfugiés et déplacés, selon l'ONU. Deux attaques meurtrières ont été perpétrées à l'approche du scrutin, une (sept soldats tués le 21 décembre) dans l'Ouest où sévit l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), et une autre dans l'Est, revendiquée par les djihadistes nigérians de Boko Haram (34 morts le 12 décembre).
Les premières estimations nationales pour la présidentielle sont attendues ce lundi. Les résultats, eux, pourraient arriver plus tard dans la semaine.
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