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Animaux de compagnie : gagnants ou perdants du coronavirus ?

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Le Coronavirus n’a pas seulement perturbé nos vies, il a aussi eu un impact dramatique sur nos amis à quatre pattes. Avec des pays qui ont fermé leurs frontières, de nombreux animaux de compagnies ont été livrés à eux-mêmes. Pourtant, tout n’a pas été sombre aux Emirats Arabes Unis. Cette période inhabituelle d’isolement a vu grandir le désir de certains d’avoir un compagnon à poil.

Aux Emirats Arabes Unis, de nombreux refuges pour animaux ont vu de nouveaux pensionnaires arriver depuis le début de la pandémie de COVID 19. Le docteur Manal Al Mansoori, de l’organisme de protection des animaux du gouvernement, Yanni, a chez elle 15 animaux de compagnie qu’elle a secourus. Elle explique que l’abandon des animaux est un problème au long court, mis en lumière ces derniers mois. "Nous recevons au moins deux ou trois demandes par jour pour nous donner des animaux de compagnie. Et en même temps nous avons au moins entre 5 et 7 demandes quotidiennes pour qu’on vienne chercher des chats errants. Ces chats n’appartiennent à personne et les gens qui appellent ne veulent pas les voir traîner vers chez eux", explique-t-elle.

Selon elle, ces gens ont peur que ces animaux diffusent le coronavirus ou la rage. Elle fait de son mieux pour expliquer le contraire. Des stations d’alimentation ont été mises en place pour les chats errants afin d’éviter que les habitants les nourrissent ce qui provoquent souvent des rassemblements de chats dans les sous-sols des immeubles et les parcs. "La personne qui les nourrit pense seulement à l’animal mais nous pensons au lieu de vie, au propriétaire d’entreprise, aux organismes publiques, à l’environnement, et aussi aux animaux. Donc si les animaux ne sont pas nourris correctement ces cinq éléments seront impactés de manière négative", ajoute-t-elle.

L'adoption en option

Pour les plus chanceux, il y a le refuge de l’hôpital Falcon d’Abu Dhabi, un lieu d’accueil des animaux errants ou abandonnés. C’est une clinique qui s’occupe d’eux, avec une politique stricte d’interdiction de tuer, et ce, quelque soit le nombre d’animaux qui arrivent à la porte du refuge. Quand la pandémie s’est déclarée, le directeur de l’établissement s’attendait à ce que le nombre de personnes en quête de nouveaux animaux de compagnie baisse considérablement. “En fait, davantage de personnes viennent pour adopter des chats et des chiens, environ 7% de plus. C’est un très bon chiffre quand on considère que la plupart du pays était à l’arrêt », explique le docteur Margit Muller.

Adopter un animal de compagnie pendant le confinement peut aider à adoucir la solitude et donner un but à beaucoup de gens pendant une période d’isolement, explique le Docteur Muller. Cela ne signifie pas pour autant qu’elle donne ces chats à qui les lui demande. Un processus de contrôle strict est en place. Certains sont adoptés immédiatement alors qu’il faudra jusqu’à un an pour d’autres. « Si vous adoptez un animal de compagnie, ça devrait être pour la vie. L’animal n’est pas une marchandise que vous utilisez et jetez ensuite », ajoute-t-elle.

Manuela, aime les chiens depuis toujours, et bien qu’elle en ait déjà trois chez elle, cette résidente des Emirats Arabes Unis envisage un quatrième. Pour elle, l’adoption est la seule chose possible. « Quand vous acheter un chien dans un magasin vous n’avez pas accès à son histoire. Vous ne connaissez pas l’histoire de ses parents, vous ne savez pas vraiment d’où il vient. Quand vous achetez par le biais d’un magasin vous soutenez aussi le commerce des chiots ».

L’entreprise Dubai Kennels, Cattery & Veterinary Clinic, est spécialisée dans le transfert d’animaux des Emirats Arabes Unis vers les pays d’origine de leurs propriétaires. L’entreprise, qui possède notamment un hôtel pour animaux a été durement touchée entre mars et juillet alors que les frontières mondiales fermaient et que les compagnies aériennes bloquaient leurs flottes. Transférer un chien de taille moyenne des Emirats vers le Royaume-Unis peut coûter jusqu’à 2.700 dollars selon l’entreprise.

“L’anxiété que la plupart des propriétaires d’animaux de compagnie ressentent au moment du voyage n’a généralement pas lieu d’être. La grande majorité des animaux arrivent à destination dans de très bonnes conditions et en bonne forme. Il y a des sujets de tensions : le décollage et l’atterrissage. Votre animal est dans un environnement étrange dans lequel il n’a souvent jamais été auparavant", explique Todd Carson.

Trafic d'animaux sauvages

Après les animaux apprivoisés, intéressons-nous animaux sauvages. Chaque année, des millions d’animaux exotiques sont vendus et sont la cible de trafic dans le monde. La demande d’animaux exotiques a explosé. Le commerce mondial des espèces sauvages est aujourd’hui une industrie de plusieurs milliards de dollars sur le marché noir. Salim Essaid a visité l’émirat d’Al Ain pour voir comment les animaux en danger sont sauvés et réhabilités. Ces quinze dernières années le monde a été confronté à une hausse sans précédent des crimes contre les espèces sauvages, selon le Fonds mondial pour la nature.

Selon l’ONU, le braconnage et la vente d’animaux sauvages en tant qu’animaux de compagnie ou pour utiliser des parties de leur corps, a généré plus de 23 milliards de dollars par an. Il s’agit du quatrième commerce illégal le plus lucratif après le trafic de drogues, le trafic humain et la contrefaçon.

Les maladies infectieuses passées de l’animal à l’homme représentent environ 75% de toutes les maladies infectieuses émergentes chez les humains, y compris le virus qui a causé le COVID 19. Une mauvaise manipulation du pangolin serait aussi une source potentielle de coronavirus. Selon un rapport publié en 2020 par l’Office des Nations Unies contre la drogue et la criminalité, les saisies de pangolin ont décuplé entre 2014 et 2018. Selon les experts il est donc urgent d’agir contre le commerce illégal d’animaux sauvages.

“La probabilité que cette situation se reproduise est sûrement élevée, car nous voyons des marchés non réglementés, même des marchés réglementés, qui continuent ce trafic. C’est vraiment une menace pour nous tous parce que la dernière chose que nous voulons, c’est vivre une autre pandémie", explique Jorge Eduardo Rios.

Dans la Péninsule arabique, les guépards sont très recherchés et viennent généralement de la corne de l’Afrique. Un animal vivant coûte plus de 15.000 dollars au marché noir. Selon l’ONU près de 5 guépards sur 6, pris encore bébés dans la nature, meurent durant ce commerce illégal.

Les Emirats Arabes Unis ont été le premier pays arabe à interdire le commerce et la possession à titre privé d’animaux sauvages en 2017. De nombreux pays du Golf lui ont emboîté le pas et pourtant des habitants de la région continuent à posséder ouvertement des animaux exotiques ou à en faire le commerce.

Aux Émirats Arabes Unis, le zoo d’Al Ain a accueilli plus de 200 animaux sauvages secourus, dont des primates et des félins carnivores victimes de trafic. Certains sont arrivés avec de lourds traumatismes physiques et psychologiques avec un besoin de soins qui peut prendre plusieurs mois. Selon l’ONU, 53 guépards ont été secourus aux Emirats Arabes Unis entre 2005 et 2019.

"Cette mauvaise expérience leur fait penser que tous les humains sont mauvais donc nous essayons de leur redonner confiance à travers un programme comportemental positif. Et cela passe essentiellement par des récompenses pour une attitude positive de leur part, et donc progressivement cette confiance se reconstruit. Sans cette confiance entre l’animal et l’équipe soignante, on ne peut pas vraiment progresser", raconte Myyas Al Quarqaz, soigneur au zoo Al Ain.

Avec la confiance retrouvée les soigneurs peuvent maintenant commencer la phase de récupération de la santé et des instincts naturels de ces créatures sauvages. Le guépard est le mammifère terrestre le plus rapide pour partir en quête de nourriture et un animal naturellement sociable.

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